Il fréquentait Jasper Johns et Robert Rauschenberg, celui qui sonna la fin de l’hégémonie artistique de Paris en remportant, en 1964, le Grand Prix à la Biennale de Venise. À la même époque, Frank Stella (1936-2024) s’imposait avec ses Black Paintings, sorte de labyrinthes géométriques formés de bandes noires verticales et horizontales espacées régulièrement par de fins traits blancs, ceux de la toile laissée vierge.
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Un Américain en Provence
Le retentissement de ces œuvres abstraites, « une surface plate avec de la peinture dessus – rien de plus », comme il les qualifiait, fait de lui le fer de lance du minimalisme ; il est, à 34 ans, le plus jeune artiste à bénéficier d’une rétrospective au MoMA. Mais, loin de se contenter de cette notoriété, Frank Stella poursuit toujours plus loin ses expérimentations, multipliant techniques et matériaux.
Ainsi, tout au long de six décennies, il évolue de la répétition des motifs – réalisés à l’aide de pinceaux de peintre en bâtiment – à la création de compositions en relief obtenues avec des outils numériques, il abandonne le format traditionnel du carré ou du rectangle pour les shaped canvases, des « toiles découpées » dans du cuivre, du bois, de l’aluminium, voire du plastique thermoformé.
Artiste visionnaire
Non seulement, il dynamise les formes (parfois inspirées des volutes de son cigare, des sonates de Scarlatti ou de la lecture de Moby Dick), transformant ses tableaux en assemblages monumentaux, mais il renouvelle aussi les socles, qu’il conçoit à partir de rebuts industriels contrastant avec les couleurs pop de ses œuvres, lesquelles se déploient, s’enroulent et virevoltent autour de ces simples tubes métalliques.
S’agit-il de peintures, de bas-reliefs, de sculptures ? Éléments de réponse avec les 28 œuvres – exécutées entre 1983 et 2023 – présentées au domaine de Panéry, dans la galerie Ceysson & Bénétière et, en extérieur, dans l’orangerie et dans le parc, où l’étoile en teck de Stella (Frank’s Wooden Star I), haute de 4 mètres, se dresse au milieu des sculptures de Glorian Friedmann, Bernar Venet ou Lionel Sabatté.
> Frank Stella, « Recent Works ». Au domaine de Panéry, route d’Uzès, 30210 Pouzilhac, jusqu’au 28 septembre 2024. Panery.fr
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