Après le succès qu’on connaît à leur première adresse parisienne, les deux Juliens qui partagent quasiment le même nom de famille (Sebban et Sebbag) font coup double en inaugurant le restaurant Forest Marseille. Au soleil, le bunker post-apocalyptique se mue en une joyeuse taverne qui troque les saveurs levantines pour un accent bien provençal.
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Le renouveau des Voûtes de la Major
La Joliette est un quartier de Marseille authentique et moderne à quelques minutes à pied du Panier et à proximité du Vieux Port. Lieu d’histoire dominé par la Cathédrale de la Major, ce bord de mer est également un lieu d’architecture où Zaha Hadid, Jean Nouvel et Hala Wardé ont dessiné la ville de demain.
Territoire du Marseille créatif, la Joliette est également un centre économique vivant. Les Voûtes de la Major étaient pourtant restées en sommeil depuis 2019 et la fermeture simultanée du Palais de la Major, de Casa Pietra et d’Il Duomo. La place Albert Londres, ses larges terrasses et son décor de cinéma semblent avoir séduit Moma Group (Mimosa, Lapérouse, Bœuf sur le Toit) qui a choisi d’y installer la succursale provençale de son concept Forest, pavant le chemin à de nombreuses adresses qui ont (ou vont) ouvrir leurs portes et faisant de ce quartier une vraie destination pour les curieux comme les Marseillais.
Paris-Marseille : match au sommet
Julien Sebban nous a déjà fait rêvé à Paris. Après avoir imaginé le restaurant Forest originel mais aussi Unagi, un bistrot japonais et la cantine de Maison Kalios, la tête pensante du collectif pluridisciplinaire Uchronia introduit (enfin) son univers toujours ultra créatif à Marseille. Pour Moma Group, et en concertation avec son ami le chef Julien Sebbag, il a imaginé un restaurant monumental, à l’image de la cuisine qui s’y partage.
Un peu à la façon de l’upside down, le monde parallèle de la série Stranger Things, la Cité Phocéenne offre à Forest Paris son antithèse. Si ce dernier avait la lune comme aspiration, à Marseille c’est évidemment le soleil qui prime. En résulte un décor largement coloré d’ocre et de ses nuances. « Beaucoup de détails sont similaires entre les deux adresses, pointe le designer, mais ont été travaillés à contresens. »
La froideur du béton laisse ainsi sa place à la chaleur du tadelakt, de la chaux et de la terracotta. Les suspensions Moonlight se transforment champignons de céramique ocre façonnés à Vallauris par Olivia Cognet. Le mapping avant-gardiste devient une fresque peinte à la main par l’artiste marseillais Florent Gros.
Forest Marseille : un tour de force d’Uchronia
Résolument (et naturellement) tourné vers la mer, Forest Marseille s’en inspire évidemment. Sa fresque rend hommage au monde marin. Les trois alcôves, créées de toute pièce, seules virgule de bleu dans l’océan Forest, donnent l’impression d’un aquarium, décorés de coraux et d’autres objets marins, style cabinet de curiosités.
Les banquettes du restaurant sont recouvertes d’un tissu effet serviette de plage, imaginé sur-mesure par la Manufacture Royale Bonvallet. « Je suis le premier fan de cette entreprise familiale incroyable, créée en 1500. Teintes et tissus sont fabriquées dans le Nord de la France. Grâce à eux, mes projets vont plus loin », s’émerveille Julien Sebban.
L’ensemble du mobilier a été dessiné par Uchronia ou commandé pour Forest Marseille. Les sources de lumières sont artisanales, des suspensions d’Olivia Cognet aux appliques d’Emmanuelle Roule, qui éclairent les alcôves — elle signe aussi les assiettes du restaurant. Chaque table est unique, imaginée pour l’occasion par le collectif, faites de résine ou de lave émaillée à Cagnes-sur-Mer, dans un dégradé organique.
Pour contrebalancer le déficit lumineux du restaurant — seules les grandes baies vitrées laissaient filer quelques rayons de soleil —, Uchronia a eu l’idée de découvrir le sublime dôme qui se tient au fond du restaurant, au dessus du bar, pour créer un appel de lumière. Comme un clin d’œil à l’adresse parisienne, des plantes dévitalisées grimpent tout autour du dôme, rappelant l’idée de monde post apocalyptique développée à Paris.
Que manger chez Forest Marseille ?
En salle ou en terrasse, meublée de la dernière collection Tectona et de banquettes arrondies, marque de fabrique de Uchronia, les mets à partager de Julien Sebban font écho à sa cuisine parisienne. Néanmoins imaginées autour des trésors de la région, les spécialités levantines se voient retravaillées façon provençales : beaucoup de poissons, pas mal de plats végétariens mais aussi un peu de viande, le tout mis en scène dans les jolies assiettes d’Emmanuelle Roule.
Avec Forest Marseille, le chef hyperactif (Créatures, Micho) invite ainsi à une expérience de cuisine inédite, « sans copier-coller à Paris, confesse-t-il, toujours faite avec le cœur, instinctive. Une cuisine sans cliché, qui aime ses produits locaux, son artisanat et reflète les différentes facettes de la culture marseillaise. »
> Forest Marseille. 4 boulevard Jacques Saadé, 13002 Marseille. Réservations.
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