Leur rencontre signe un renouveau dans l’histoire de la photo et de la mode. Avant qu’ils ne soient respectivement photographe et couturier, Arthur Elgort et Azzedine Alaïa avaient d’autres ambitions : devenir peintre pour le premier et sculpteur pour le second. Malgré leurs apprentissages académiques, ils s’accompliront ailleurs, en gardant néanmoins leur sensibilité au mouvement, à la courbe et à la matière tout au long de leur carrière.
Dans le regard de l’autre
Azzedine Alaïa, qui réalise initialement des travaux de couture pour une clientèle privée afin de financer ses études, finit par se consacrer pleinement à son activité, s’entourant et habillant des personnalités influentes comme Louise de Vilmorin ou Arletty avant de créer, à la fin des années 70, sa propre maison de couture.
Elgort quant à lui découvre son médium avec un enthousiasme croissant. En collaborant avec le magazine Vogue sous la houlette d’éditrices comme Polly Allen Mellen et de directrices artistiques comme Grace Coddington, il voit son travail rapidement reconnu. L’un comme l’autre introduisent des idées nouvelles, basées sur la spontanéité et la volonté de renouveler l’image de la femme.
Quand Azzedine Alaïa dessine des robes sans artifice qui épousent le corps des mannequins, Arthur Elgort fait entrer la lumière naturelle dans les studios et immortalise les modèles dans la rue : une véritable renaissance. L’exposition présente une trentaine de clichés en noir et blanc et autant de vêtements.
Grâce à l’ingénieuse scénographie en accordéon conçue par l’artiste américain Kris Ruhs, les œuvres dialoguent subtilement. Les photographies d’Arthur Elgort, disposées sur des cimaises blanches, placées en biais les unes derrière les autres, se révèlent à mesure que l’on avance dans l’espace. On y voit les top models de l’époque comme Naomi Campbell, Linda Evangelista ou Cindy Crawford porter les vêtements d’Alaïa.
De près, chaque image cache une alcôve noire dévoilant les robes elles-mêmes. Un dispositif parfaitement en phase avec l’esprit des lieux, que Ruhs connaît bien, Alaïa l’ayant invité maintes fois à exposer sous sa verrière…
> « Azzedine Alaïa, Arthur Elgort. En liberté ». À la Fondation Azzedine Alaïa, 18, rue de la Verrerie, 75004 Paris, jusqu’au 20 août. Tél. : 01 87 44 87 75. Fondationazzedinealaia.org