« Le choix du nom “We Design Beirut” s’est d’emblée imposé car, depuis le premier jour de ce projet, il a toujours été question de “nous”. Nous, les Libanais qui continuons à revenir, à rebâtir cette ville et à espérer son futur », confiait avec émotion Mariana Wehbe, cofondatrice avec Samer Alameen de ce nouveau format de manifestation.
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We Design Beirut entre en scène
Il ne s’agit pas d’une énième design week, mais surtout d’une plateforme de visibilité et de soutien à tous les maillons de la scène du design libanais. Du 23 au 26 mai, Beyrouth a donc rassemblé la communauté design locale et internationale – une première depuis plus de cinq ans. L’ex-showroom de la société d’éclairage PSLab (totalement détruit lors de l’explosion du port en 2020) accueillait la section « We Empower ».
Une mise en lumière de la richesse du tissu artisanal libanais à laquelle ont participé Zeina Raphaël et Pascale Habis qui, à travers leur projet « The ready hand », s’appliquent à répertorier et recenser les artisans du pays. Leur travail est indissociable de celui de designers contemporains comme Karim Chaya ou Georges Mohasseb.
Le second pilier du festival, « We Preserve », s’est épanoui dans le cadre néo-ottoman de la Villa Audi. Curatée par Joy Mardini et William Wehbe, fondateurs de l’agence Babylon, l’exposition « Past Echoes » y rassemblait les créations de 33 designers. Certains déjà célèbres comme Nada Debs, Karen Chekerdjian ou Roula Salamoun, d’autres sur le point de le devenir comme Samer Bou Rjeily, Fadi Yachoui ou Shaha Raphael.
Lumière sur la scène du design libanais
Dans l’usine Abroyan, ex-fabrique de textile des années 40, la section « We Sustain/We Search » exposait les projets de 80 étudiants, ainsi que quelques initiatives locales de recyclage.
Réalisée par la start-up Plastic Lab, spécialisée dans le recyclage de plastique, la microarchitecture Magma Plastique signée Rabih Koussa et Nabil Farhat a d’ailleurs valu au duo de designers d’être nommés pour le Prix du design de l’Institut du monde arabe, décerné durant la Paris Design Week début septembre.
Ouvert pour la première fois au public depuis cinquante ans – et pour quatre jours seulement –, l’iconique bâtiment brutaliste Interdesign de Khalil Khoury se visitait enfin. À cette occasion, son fils, l’architecte Bernard Khoury, lui avait consacré une rétrospective: « All Things Must(n’t) Pass ». Un pur moment d’exception comme (We Design) Beyrouth sait si bien les faire, malgré la complexité du contexte géopolitique régional.
> Plus d’informations sur le festival ici.
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