En 2015, Javier Peña se lance dans un défi ambitieux. Celui de créer un événement durant lequel sa ville natale, Logroño, devient un espace entre l’individu et l’architecture, un lieu de réflexion sur notre manière de vivre. Huit éditions plus tard, Concéntrico continue de surprendre par des projets toujours aussi divers, venant des quatre coins du monde et que les habitants accueillent joyeusement.
Rendez-vous incontournable pour les professionnels espagnols et internationaux, la 9ème édition reprend son rythme printanier animant la totalité de la ville d’installations, d’expositions et de rencontres en tout genre. Focus sur les quatre interventions éphémères qui ont marqué l’année 2023.
4. « El Jardín de las Intersecciones» par Studio Ossidiana
Pour Concéntrico, l’architecture urbaine doit être un support de réflexion sur sa place et son rapport avec chaque habitant. Explorant cette approche, le duo italien de Studio Ossidiana a imaginé « El Jardín de las Intersecciones» (Le Jardin des Intersections).
Au cœur d’une place de Logroño, le projet rend hommage à l’histoire du territoire. Il s’inspire des strates minérales, pour imbriquer des espaces de couleurs pastel aux architectures et aux sols, recouverts de terres, distincts. L’envie est ainsi d’y mêler aussi bien les périodes vécues par la ville que d’inviter grands et petits à explorer les différents volumes. À en prendre possession en dessinant sur le sol comme un jardin japonais, ou simplement par leurs pas explorateurs qui entrecroisent les époques.
C’est un projet poétique qui, pensé de manière éphémère, s’installe après le festival dans un centre d’éducation préscolaire pour devenir un pavillon à ciel ouvert. Un lieu où de nouvelles intersections entre disciplines s’inventeront.
3. « Sombra proyecta» signée Camille Walala
Réenchanter la ville. Tel est le défi que Camille Walala s’est lancé il y a déjà plusieurs années. À travers des interventions colorées et audacieuses, la créative française envahit les espaces publics pour offrir un environnement joyeux qui élève immédiatement l’humeur des citadins.
Pour le festival Concéntrico, elle s’est intéressée à la Plaza Sin Nombre, une esplanade qui n’a jamais été « baptisée » et qui pourtant est un carrefour de rencontres entre les différentes cultures du quartier. Nommée « Sombra proyecta» (Ombre portée), l’installation est pensée comme une oasis. Un mirage au centre de ce terrain vide qui procure de l’ombre et une évasion joyeuse dans le paysage monochrome urbain.
Graphique et coloré, le pavillon s’anime au fil de la journée par les ombres de son architecture mais aussi par les habitants qui s’y croisent et s’y installent, transformant cet espace sans fonction, en un lieu de socialisation.
2. « Le Pabellón de la Seda» de Paloma Cañizares Office
Construire une structure solide avec du textile, une utopie ? Paloma Cañizares nous prouve avec brio que non avec le « Pabellón de la Seda», (Pavillon de soie). Premier projet de cette envergure, il étudie les possibilités structurelles insoupçonnées du textile.
Depuis quelques années, l’architecte espagnole s’est penchée sur les matériaux alternatifs au béton et à la brique. Cherchant à construire de manière rapide, légère, réutilisable et adaptable à l’infinie. La soie, fibre naturelle réputée pour sa légèreté, jouit de nombreuses propriétés dont la plus méconnue : sa résistance, quatre fois plus importante que l’acier ! Rigidifié par de la résine et combiné à une forme géométrique en étoile, ce matériau offre une structure autoportante, stable et d’une épaisseur qui ne dépasse pas le centimètre.
Une prouesse pour la construction de demain, que Paloma Cañizares expose avec ce pavillon ouvert au reflet doré, qui au premier regard nous trompe par son aspect béton puis se révèle par son toucher fibreux et délicat.
1. « Una Mesa Elevada en el Paisaje» par Estudio JAAG
Interrogeant l’architecture urbaine, Concéntrico souhaite créer un lien entre la ville et le monde rural. Sa collaboration avec Bodegas LAN permet chaque année à de jeunes architectes d’imaginer une installation qui met en valeur le territoire viticole de la Rioja.
Pour cette 9ème édition, c’est le projet « Una Mesa Elevada en el Paisaje» (Une table élevée dans le paysage) qui a été retenu par le festival et le vignoble.
En interprétant les cinq points de l’architecture moderne prôné par Le Corbusier, le studio JAAG a su créer une connexion entre le paysage et l’espace domestique. Ainsi entre les allées de vignes, se dévoile une structure aérienne qui invite les visiteurs à s’attabler, déguster la production de la région.
Rien d’extravagant, les deux architectes ont souhaité créer un espace « honnête » entièrement en bois et ponctué d’éléments en rouge (en l’honneur au cépage) pour entrelacer les deux mondes et offrir une expérience sensorielle.
