Expositions photo en France : le réel et son double

De Jumièges à Strasbourg, en passant par Avignon, la photographie se mêle à d’autres pratiques artistiques, au grand plaisir des esthètes.

Ce printemps, la rédaction lève le voile sur de belles découvertes monographiques et collectives à travers trois expositions photo en France, centrées sur un monde en pleine mutation.

Aurores boréales

L’oeuvre Skagen XIII du photographe Joakim Eskildsen.
L’oeuvre Skagen XIII du photographe Joakim Eskildsen. Joakim Eskildsen

Pour la deuxième édition de ce parcours d’images en Normandie, qui vise à promouvoir la création photographique contemporaine en Europe du Nord, huit artistes danois investissent la magnifique abbaye Saint-Pierre de Jumièges. « Lumières nordiques » réunit des photographies où l’exploration du monde minéral et végétal ainsi que la contemplation de la lumière et une réflexion sur le temps demeurent très présentes. La cinquantaine de grands formats, associés à de la vidéo et à des documents de travail, illustrent la diversité des pratiques, du numérique à l’argentique, mais aussi d’anciennes techniques de tirage. Avec les créations de Veronika Geiger, Jeppe Lange, Peter Funch, Torben Eskerod, Emilie Lundstrøm, Joakim Eskildsen, Lotte Fløe Christensen et Ebbe Stub Wittrup. L’une des plus belles expositions en France du moment.

« Lumières nordiques – Huit artistes danois ». À l’abbaye de Jumièges, 4, rue Guillaume-le-Conquérant, 76480 Jumièges, jusqu’au 19 juin. Abbayedejumieges.fr

Faux-semblants

L’oeuvre de Carlos Amorales à retrouver au sein de l’exposition Bienvenue dans le désert du réel.
L’oeuvre de Carlos Amorales à retrouver au sein de l’exposition Bienvenue dans le désert du réel. Philippe Daval

Le point de départ de cette exposition s’inspire du film Matrix dont une phrase prononcée au début reprenait la pensée de Jean Baudrillard : « Le simulacre est vrai. » « Bienvenue dans le désert réel » est donc une injonction à prendre conscience de la réalité d’un monde dans lequel chacun ne percevrait que la représentation faussée, créée par la « matrice ». À partir d’une sélection d’œuvres de la Collection Lambert, Stéphane Ibars, directeur artistique, nous propose de réfléchir à la manière d’envisager la réalité à travers des images fictives, falsifications et autres détournements. Les photographies de Nan Goldin, Christian Boltanski, Douglas Gordon, Barbara Kruger, Salla Tykkä… et les vidéos de Jonathan Horowitz comme les installations de Carlos Amorales nous invitent habilement à toujours douter de ce que nous voyons. 

« Bienvenue dans le désert réel ». À la Collection Lambert, 5, rue Violette, 84000 Avignon, jusqu’au 4 septembre. Collectionlambert.com

Archéologue moderne

Une des photographies de Thomas Mailaender présentée dans son exposition «Ultra-violets».
Une des photographies de Thomas Mailaender présentée dans son exposition «Ultra-violets». Thomas-Mailaender

De la céramique au cyanotype et de la photographie au collage, le Français Thomas Mailaender, artiste multimédia, utilise une large gamme de supports dans ses créations. En véritable collectionneur compulsif, il intègre dans ses œuvres ses trouvailles iconographiques, glanées sur les marchés aux puces, dans les ventes aux enchères ou bien sur Internet, pour leur donner une seconde vie. De son passage aux Arts décoratifs de Paris, puis à la Villa Arson de Nice, Mailaender a gardé le sens de la réappropriation de l’image, comme en témoigne « Ultra-violets ». Son exploration du médium est sans limites et il s’interroge sur son statut en transférant sa base de données sur des matériaux toujours inattendus. Des créations anonymes retravaillées et révélées autour du quotidien, du fortuit, de l’intime et du spectaculaire.

« Ultra-violets ». À La Chambre, espace d’exposition et de formation à l’image, 4, place d’Austerlitz, 67000 Strasbourg, jusqu’au 25 mai. La-chambre.org