En 1995, Pierre Paulin s’installe avec sa femme, Maïa, dans les Cévennes, face au mont Aigoual. Là, cet homme austère trouve la sérénité dans la bergerie qu’il rénove et qu’il aménage avec ses différentes assises devenues mythiques. Pourtant, dans la région, peu nombreux sont ceux qui soupçonnent le rayonnement de ce voisin qui a notamment décoré les salons de l’Élysée et participé à la révolution du mobilier dans les années 60 et 70.
Les Cévennes comme source d’inspiration
« J’ai voulu montrer au public cette histoire d’amour en Cévennes, mais aussi comment cette région pouvait attirer la modernité », explique aujourd’hui sa veuve Maïa, qui a conçu cette rétrospective empreinte de modestie et néanmoins essentielle, tant par le lieu qui l’accueille (un musée d’art et de tradition populaire dont l’exposition permanente est passionnante), que par le soin attaché à la réalisation de ce moment de mémoire. Maïa a sorti des meubles et des livres de sa demeure, mais surtout des objets industriels méconnus.
Un designer du quotidien
« Ce que je souhaite, c’est que les gens comprennent que Pierre était aussi un designer du quotidien. Et aux côtés du fauteuil dessiné pour François Mitterrand, je vais aussi montrer des rasoirs ou un abattant de WC qu’il a dessiné pour Allibert, le créateur de mobilier de salles de bains », explique-t-elle. Mais celle qui s’active, avec son fils Benjamin, à faire reconnaître le génie de son époux s’est aussi attachée à laisser les gens expérimenter les pièces signées Paulin.
« La boutique Ligne Roset de Montpellier nous a ainsi prêté quelques rééditions dans lesquelles les gens peuvent s’asseoir. Nous les avons disposées dans une pièce où sont diffusés des films, comme un petit salon. » Dernier clin d’œil, la présence des chaises en plastique Samba – que tout le monde connaît sans en identifier l’auteur –, qui meublaient aussi bien les jardins des maisons de retraite que les campings de la France entière, « pour que les gens comprennent que tout le travail effectué par Pierre leur était destiné », conclut, philosophe, Maïa.
> Design en Cévennes. Maïa et Pierre Paulin. À Maison rouge, musée des Vallées cévenoles, à Saint-Jean‑du‑Gard (30), jusqu’au 21 juillet.