Lui est ingénieur de formation ; elle, spécialisée dans le métal. Diplômés de l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI), respectivement en 2015 et 2013, Marion Pinaffo (31 ans) et Raphaël Pluvinage (32 ans) explorent depuis trois ans un design ludique et coloré, qui s’inspire de technologies invisibles du quotidien. Aussi familier que totalement abstrait pour la majorité d’entre nous, ce corpus ultramoderne se compose d’algorithmes, d’ondes, de capteurs, de codes, d’écrans à cristaux liquides, de smartphones à gyroscopes, de data centers, de boutons capacitifs (qui s’actionnent par une très faible pression) comme de surfaces superhydrophobes (extrêmement difficiles à mouiller).
Plutôt que de transposer ces obscurs phénomènes dans des approches purement didactiques, le tandem préfère en livrer des lectures stimulées par l’émerveillement : un imparable catalyseur de curiosité intellectuelle. Exemple avec « Papier Machine », projet qui leur a valu l’Audi Talents Award Design en 2016 : un cahier de six jeux électroniques à découper, plier et assembler. Chaque page est sérigraphiée avec des encres dotées de propriétés électriques. Une fois fabriqués, les objets manipulés (masque, piano, toboggan…) activent des sons composés par le musicien Flavien Berger tout en illustrant les rouages de l’électronique de manière récréative. Édité par Panoplie, une maison indépendante, le premier opus de cette collection est présenté au musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux sous la forme d’un dispositif interactif en même temps qu’il est en vente à la boutique.
D’autres mécanismes sont explorés. Se croisent donc la superhydrophobie (ou effet lotus) et une monumentale installation participative qui offre de se familiariser au code. Celui du système binaire à l’œuvre dans les microprocesseurs des ordinateurs. Ce mode de transmission en rejoint d’autres : du code Morse au télégraphe Chappe en passant par les signaux de fumée ou le cylindre de Jefferson.
> « Phénomènes – Quand le design dévoile les technologies invisibles du quotidien ». Au musée des Arts décoratifs et du Design, à Bordeaux (33), jusqu’au 3 mars.