Un an après son déménagement du quartier de Montparnasse vers celui du Marais, la Fondation Henri Cartier-Bresson consacre l’entièreté de son nouvel espace au photographe qui, armé de son Leica, voyagea aux quatre coins de la planète. Du Mexique aux États-Unis, il savait fixer à la sauvette l’essentiel d’une scène, le merveilleux du quotidien : des vendeuses de journaux endormies, un badaud se saisissant d’une loupe lors du couronnement du roi George V, des baigneurs profitant de leurs premiers congés payés…
En 1948, Cartier-Bresson couvre la chute du Kuomintang en Chine, pays où il retournera, une décennie plus tard, à l’occasion du neuvième anniversaire de la République populaire. Ce sont ces deux moments clés de l’histoire de l’empire du Milieu, l’instauration du régime communiste et le Grand Bond en avant de Mao Zedong, que cette exposition présente en 154 tirages originaux, accompagnés de nombreux documents d’archives. Si Cartier-Bresson est surnommé « l’Oeil du siècle », Raymond Depardon en est « le Regard ». En témoignent les clichés extraits de son ouvrage Errance (éditions du Seuil, 2000) et sélectionnés pour une exposition dans la capitale du Béarn.
A Pau, toutes ces images en noir et blanc – unies par un même format – montrent des paysages, qui se résument à des lignes de fuite prises au Japon, au Mexique, en Allemagne, en Italie ou aux États-Unis. Dans le désert californien ou au cœur de la frénésie new-yorkaise, à Times Square, chacune des étapes ressemble à un lieu de solitude. Car, au-delà de l’errance, elles racontent un voyage introspectif, « forcément initiatique », déclarait alors le reporter. Une manière bien personnelle de parler du monde, extérieur et intérieur à la fois.
> « Henri Cartier- Bresson : Chine 1948-49 / 1958 ». À la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris (IIIe), jusqu’au 2 février 2020. Henricartierbresson.org
> « Errance, Raymond Depardon ». Au Parvis, 3, avenue Louis-Sallenave, à Pau (64), jusqu’au 15 janvier 2020.