L’inscription du Bassin minier au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2012 a rendu les Nordistes fiers de leur territoire. Jusqu’au 27 juin 2021, le bassin minier, qui s’étend de Valenciennes à Béthune, en apporte une nouvelle preuve en célébrant le noir dans tous ses états avec la manifestation « Upernoir ». Une façon de montrer sa créativité en s’appuyant sur la couleur du charbon et des terrils, celle qui structure tout ce territoire mais aussi d’assumer son passé, mieux de le revendiquer. Typographie, architecture, design, littérature… De multiples activités sont organisées jusqu’à la fin du mois de juin : des balades en vélo entre les terrils, des visites de lieux emblématiques de la région, etc.
Quel goût a le noir ?
Dans un contexte sanitaire encore fragile, « Upernoir » ne prévoit aucun grand rassemblement. Il lui préfère des cheminements dans le territoire minier, à la rencontre du noir sous toutes ses formes. Pour cette première édition, la manifestation se veut avant tout gastronomique grâce au volet « Upermiam » qui a donné une « carte noire » à Marc Brétillot et Marion Chatel Chaix, qui ont créé des mets noirs proposés chez 40 artisans des métiers de bouche, dont de nombreuses friteries, des brasseurs, des chocolatiers… Les deux designers culinaires ont travaillé sur les codes de la gastronomie locale (la faluche, la frite, la chicorée, le chou…), mais aussi sur les plats des différentes communautés qui ont émigré ici. Tous ces plats répondent à leur façon à la question : quel goût a le noir ?
Upernoir et la lampe de mineur
Les amateurs de design et d’architecture ne sont pas en reste. Ils peuvent d’abord se rendre au Centre historique minier, à Lewarde. Dans ce musée immense est rassemblée toute la mémoire de l’exploitation minière : de nombreux objets, bien sûr, mais aussi des reconstitutions d’intérieurs d’époque, d’estaminets et de scènes de la vie des mineurs. A l’initiative d’ALL (Autour du Louvre-Lens), qui stimule la création d’objets en rapport avec l’identité culturelle de la région, un concours de design a été organisé en 2019 afin de revisiter la lampe de mineur. Les lauréats, Camille Khorram et Jean-Baptiste Ricatte, ont proposé un très poétique photophore en porcelaine de Limoges ultra fine, baptisé Lueur. Entièrement recouvert d’une peinture noire thermo-sensible, sa matière devient blanche quand la bougie chauffe… L’objet est disponible dans différents lieux culturels de la région, dont le Louvre-Lens. Dans le musée de Lewarde, elle est présentée en compagnie d’autre projets de relecture contemporaine de la lampe de mineur.
Ensuite, direction la Cité des électriciens, la plus ancienne cité minière préservée du Nord de la France, inscrite aux Monuments Historiques depuis 2009. L’exposition « La ville au fil de la brique » (jusqu’au 22 août) y montre le travail collaboratif de jeunes de la région, auxquels on a demandé de plancher sur le design du futur mobilier urbain – en brique ! – de trois communes du Pas-de-Calais, aidés de designers (piKs), d’un philosophe (Christian Godin) et d’architectes du studio Philippe Prost. Une exposition qui interroge notre rapport à la ville, scénographiée par le talentueux collectif lillois Aequo.
Pour compléter votre virée en terre Upernoir, faites escale dans la Chambre noire de Léa & Co à Lens. Installée dans une ancienne maison du médecin au cœur d’un cité minière à Lens, elle a été imaginée par les designers du Studio Darrow, qui y ont glissé nombre de surprises.
> Retrouvez toute la programmation de la manifestation « Upernoir » sur le site dédié.
> Centre historique minier de Lewarde. Fosse Delloye, Rue d’Erchin, 59287 Lewarde.
> Cité des électriciens. Rue Franklin, 62700 Bruay-la-Buissière.