Reportage déco : Espace et lumière dans une chaumière de Saint-Malo

A Saint-Malo, le co-fondateur de l’agence architecturale Le Lad s’est aménagé un lieu de retraite idéal dans une ancienne chaumière du XIXe siècle. Visite.

Après le restaurant Otonali et la galerie B-Raku, tout deux livrés l’année dernière, Guillaume Terver signe un nouveau projet à Saint-Malo. Mais un espace nettement plus personnel puisqu’il s’agit de sa propre résidence secondaire, tout juste aménagée dans une chaumière avec vue sur l’estuaire de la Rance. De quoi séduire immédiatement l’architecte d’intérieur parisien, admiratif de ce « paysage qui change de couleur toutes les heures. »

Les façades ont fait l’objet de très peu de modifications, mis à part de nouvelles ouvertures implantées en pignon et au niveau de l’appentis.
Les façades ont fait l’objet de très peu de modifications, mis à part de nouvelles ouvertures implantées en pignon et au niveau de l’appentis. Christophe Dugied

Construite au milieu du XIXe siècle, cette bâtisse dispose d’une surface de 50 m2 au sol. Un espace relativement restreint, toutefois compensé par une orientation à l’Ouest qui garantit ensoleillement et protection au vent. « Une maison de paysans certes, mais bien pensée », résume Guillaume Terver, adepte d’une architecture sans superflu, privilégiant l’ergonomie.

Dans l’espace salle à manger, le frêne des placards poursuit sa course autour de la baie vitrée pour dessiner une banquette et accentuer le seuil qui sépare du jardin. Chaises Fourmi d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen)
Dans l’espace salle à manger, le frêne des placards poursuit sa course autour de la baie vitrée pour dessiner une banquette et accentuer le seuil qui sépare du jardin. Chaises Fourmi d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen) Christophe Dugied

Associé au designer Christophe Delcourt depuis 2010, celui qui est également enseignant à l’école Penninghen milite constamment pour « une architecture qui absorbe les fonctions ». Pour preuve, les banquettes matérialisées par une estrade et l’encadrement d’une baie vitrée, sous un appentis qui accueille la cuisine et les repas. D’ici, le regard file jusqu’au pignon opposé, dont toute la hauteur dessine la toile de fond du séjour, comme de l’espace parental situé à l’étage.

Simplement repeint en blanc, le pignon en pierres apparentes dévoile toute sa hauteur à mesure que l’on pénètre dans le séjour de la chaumière.
Simplement repeint en blanc, le pignon en pierres apparentes dévoile toute sa hauteur à mesure que l’on pénètre dans le séjour de la chaumière. Christophe Dugied
De taille modeste, la chambre profite pourtant d’une vaste impression d’espace grâce à un aménagement volontairement décloisonné.
De taille modeste, la chambre profite pourtant d’une vaste impression d’espace grâce à un aménagement volontairement décloisonné. Christophe Dugied

« En mezzanine, le couchage parental bénéficie de toute la volumétrie », souligne l’architecte. « L’aménagement privilégie les effets de perspective pour amplifier la sensation d’espace et la luminosité. » Notamment en substituant les portes par des accès en chicane, ou en faisant l’impasse sur les traditionnelles cloisons toutes hauteurs, remplacées par des meubles de séparation et des claires-voies en frêne qui délimitent aussi bien la cuisine qu’une chambre d’enfant.

Les chicanes dissimulent astucieusement l’accès à l’escalier et à la chambre parentale, tout en favorisant la fluidité des circulations.
Les chicanes dissimulent astucieusement l’accès à l’escalier et à la chambre parentale, tout en favorisant la fluidité des circulations. Christophe Dugied
Déclinées du bois aux peintures, les teintes claires accentuent la sensation d’espace dans cette ancienne chaumière.
Déclinées du bois aux peintures, les teintes claires accentuent la sensation d’espace dans cette ancienne chaumière. Christophe Dugied

Réduites à l’essentiel par l’utilisation de matériaux bruts, les interventions de l’architecte ne revendiquent aucun style, « ni japonisant, ni minimaliste, elles mettent l’accent sur l’usage et la simplicité ». Une approche qui se décline jusque dans le choix du mobilier, mêlant les chaises Fourmi d’Arne Jacobsen à la potence Marseille de Le Corbusier, elle-même associée à un canapé et une table basse en céramique orange de Christophe Delcourt.

Aussi fonctionnelles qu’élégantes, des claires-voies marquent les limites de la cuisine, face à l’espace salle à manger meublé des fameuses chaises Fourmi d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen).
Aussi fonctionnelles qu’élégantes, des claires-voies marquent les limites de la cuisine, face à l’espace salle à manger meublé des fameuses chaises Fourmi d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen). Christophe Dugied

Alors que le tandem enchaîne les projets d’habitat individuel et collectif, ainsi que les boutiques et scénographies pour des maison comme Saint Laurent, Courrèges ou Chloé, Guillaume Terver devraît désormais savourer pleinement ce nouveau pied-à-terre breton, ne serait-ce que pour superviser deux futurs projets prévus à Saint-Malo…

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