Après le restaurant Otonali et la galerie B-Raku, tout deux livrés l’année dernière, Guillaume Terver signe un nouveau projet à Saint-Malo. Mais un espace nettement plus personnel puisqu’il s’agit de sa propre résidence secondaire, tout juste aménagée dans une chaumière avec vue sur l’estuaire de la Rance. De quoi séduire immédiatement l’architecte d’intérieur parisien, admiratif de ce « paysage qui change de couleur toutes les heures. »
Construite au milieu du XIXe siècle, cette bâtisse dispose d’une surface de 50 m2 au sol. Un espace relativement restreint, toutefois compensé par une orientation à l’Ouest qui garantit ensoleillement et protection au vent. « Une maison de paysans certes, mais bien pensée », résume Guillaume Terver, adepte d’une architecture sans superflu, privilégiant l’ergonomie.
Associé au designer Christophe Delcourt depuis 2010, celui qui est également enseignant à l’école Penninghen milite constamment pour « une architecture qui absorbe les fonctions ». Pour preuve, les banquettes matérialisées par une estrade et l’encadrement d’une baie vitrée, sous un appentis qui accueille la cuisine et les repas. D’ici, le regard file jusqu’au pignon opposé, dont toute la hauteur dessine la toile de fond du séjour, comme de l’espace parental situé à l’étage.
« En mezzanine, le couchage parental bénéficie de toute la volumétrie », souligne l’architecte. « L’aménagement privilégie les effets de perspective pour amplifier la sensation d’espace et la luminosité. » Notamment en substituant les portes par des accès en chicane, ou en faisant l’impasse sur les traditionnelles cloisons toutes hauteurs, remplacées par des meubles de séparation et des claires-voies en frêne qui délimitent aussi bien la cuisine qu’une chambre d’enfant.
Réduites à l’essentiel par l’utilisation de matériaux bruts, les interventions de l’architecte ne revendiquent aucun style, « ni japonisant, ni minimaliste, elles mettent l’accent sur l’usage et la simplicité ». Une approche qui se décline jusque dans le choix du mobilier, mêlant les chaises Fourmi d’Arne Jacobsen à la potence Marseille de Le Corbusier, elle-même associée à un canapé et une table basse en céramique orange de Christophe Delcourt.
Alors que le tandem enchaîne les projets d’habitat individuel et collectif, ainsi que les boutiques et scénographies pour des maison comme Saint Laurent, Courrèges ou Chloé, Guillaume Terver devraît désormais savourer pleinement ce nouveau pied-à-terre breton, ne serait-ce que pour superviser deux futurs projets prévus à Saint-Malo…