Bienvenue dans le monde de l’économie régénérative ! Mobilier en terre moulée, tissu ou plastique recyclé… notre planète regorge de ressources qui terminent dans les déchetteries et les incinérateurs. Cette manne interceptée avant sa destruction est une providence pour les créatifs qui les transforment en écomatériaux, exploitant aussi les qualités de nombreuses matières organiques.
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1. Terres d’excavation
Chaque année, en Belgique, 23 millions de tonnes de terre sont déblayées pendant des travaux. L’entreprise bruxelloise BC Materials promeut la construction en briques de terre crue, moulée ou compressée sans cuisson, afin de lutter contre l’impact environnemental de la construction, secteur qui représente 25% de l’emprunte carbone d’un Français, soit le second après le transport (source BBCA).
Outre leur nouvelle collection d’enduits et de peintures, cette entreprise bruxelloise collabore avec des designers comme Cru Atelier, qui travaille les écomatériaux biosourcés et géosourcés.
> Bcmaterials.org et cruatelier.be
2. Textiles acoustiques
Composés de 70 % de textile recyclé provenant de l’industrie et de l’habillement, ces panneaux et revêtements muraux ne se cachent plus derrière des cloisons. Déclinés dans cinq dimensions standards, dans des couleurs mouchetées et marbrées, mais également sur-mesure, en découpe numérique, leurs textures se distinguent par un aspect minéral. Légers et faciles à poser, ils s’adaptent à tous les environnements.
3. Terrazzo marin
Utilisable en revêtement de sol, crédence ou encore plan de travail, cet écomatériau est composé de 65 % de coquillages recyclés (coquilles d’huîtres, moules, Saint-Jacques…) issus de la transformation des déchets et d’une matrice minérale, un procédé dit « bas carbone », c’est-à-dire qu’il ne contient aucun liant pétrosourcé (composition : ciment de type argileux, poudre de coquillages micronisée, fibres naturelles, minéraux, adjuvants végétaux…). Il est décliné en quatre couleurs, grâce à l’ajout de pigments naturels. Très solide, résistant à l’eau, aux tâches et rayures, Ostrea est disponible en deux types de granulométrie.
4. Carrelage sans cuisson
À base de sédiments marins solidifiés, ces carreaux sont fabriqués selon un procédé inspiré de la diagénèse, ce processus naturel qui transforme ces résidus en roche. Ils peuvent être posés avec ou sans joint. Le carreau de sol est plus résistant qu’une terre cuite. 100 % minéral, cet écomatériau est disponible en trois formats (épaisseur 1 cm) et 21 couleurs teintées dans la masse. Le moulage sur mesure, dans différentes formes, est aussi possible (gwilen.com).
5. Mobilier en plastique recyclé
L’entreprise bruxelloise Bel Albatros développe des panneaux compressés à chaud, aux motifs aléatoires, marbrés ou mouchetés. Découpés numériquement, ils se transforment en plateaux de tables, étagères, sièges, tables… Leur innovation réside dans leur matière première, le plastique polyéthylène, non réutilisable, broyé en copeaux, provenant des invendus (plastique “primé” d’événement, tonnes de pailles Coca-Cola, vaisselle plastique de la restauration à emporter…). Même leurs propres déchets de production sont recyclés.
6. Mobilier en balles de tennis
Mathilde Wittock, bio-designer, a développé une collection de sièges et panneaux décoratifs réutilisant les balles de tennis, en feutre et caoutchouc, hors service. Découpées manuellement au cutter, en deux parties et teintées, elle les accroche sur une structure en multiplis de bois pour composer des assises souples et confortables, ou encore des surfaces acoustiques. Le plus ? Chaque demi-coque peut être remplacée en cas de dégradation.
7. Luminaires en biociment
Le designer James Haywood expérimente des résines minérales, alternatives 100 % naturelle au ciment conventionnel. Ces écomatériaux (géopolymères, à faible teneur en calcium ou à base de magnésium) ont un impact environnemental moindre. Ils peuvent notamment réduire les émissions de CO2 de 50 à 80 % (ils ont en effet le potentiel d’éliminer activement le CO2 de l’atmosphère grâce à la séquestration du carbone au cours du processus de durcissement). Tout en évoquant les paysages du sud de la France, ses luminaires mettent en relief des textures de pierre recyclables à l’infini.
8. Liège de marc de pommes
Déchet encombrant (composé de chair, peau et pépins), correspondant à 40 % de la masse des pommes pressées pour en extraire le jus, le marc de ces fruit est valorisé par l’entreprise bretonne Adaozan. Il permet de fabriquer notamment des panneaux de particules à la granulométrie variable, brut ou broyé. Compact et biodégradable, cet écomatériau se travaille comme du bois et résiste à l’humidité, une fois traité.
9. Textiles en épluchures d’aubergine
Loumi Le Floc’h, designer issue de La Cambre, a développé une matière biosourcée à base d’épluchures d’aubergines. Plongées dans l’eau bouillante, puis dans un bain froid, les épluchures sont grattées et débarrasser de leur chair résiduelle. Leur pH très réactif permet de créer de belles couleurs, comme le plus beau des rouges, simplement avec des gouttes de citron. Entre dentelle et mosaïque, la matière peut être travaillée avec une découpeuse laser.
10. Objets en peaux d’agrumes
Chaque année, en France, l’extraction de jus d’agrumes produit pas moins de 12 000 tonnes de déchets, soit trois millions, au niveau européen. Le studio de design provençal Repulp fabrique des tasses et des luminaires, à base de peaux d’oranges, citrons, pamplemousses… grâce à un nouveau procédé d’impression 3D. Alternative aux plastiques issus de la pétrochimie, ce produit artisanal, à l’identité forte, créé aussi un lien social, puisque les déchets d’agrumes sont collectés auprès d’entreprises locales, voisines et dans les environs.
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