La première fois que Jonathan Levien est entré dans ce bâtiment industriel de 1850, c’est la lumière qui l’a frappé. Elle entrait généreusement par de grandes fenêtres, qui avaient éclairé autrefois les presses d’une imprimerie, puis un entrepôt de bananes. Pendant les travaux, Jonathan a d’ailleurs retrouvé de vieux caractères typographiques. Jusqu’à la naissance de leur fils Rahul, Jonathan et Nipa ont vécu au-dessus de leur atelier, dans un espace aménagé en loft bohème. Tous deux revendiquent une quête primordiale de beauté. Il est donc intéressant de voir comment ils ont investi un lieu de travail qui appelle la patine, l’à-peu-près, voire le désordre, alors qu’ils sont plutôt du genre méticuleux. Nipa évoque sans affectation ce qui dans la beauté des objets conditionne la grâce de nos gestes.
Le duo est d’ailleurs réputé donner de l’émotion au monde industriel. Il en est de même dans leur atelier et cela passe beaucoup par les objets, à profusion. Qu’il s’agisse d’un prototype de chaise accroché au mur ou de la dernière tapisserie réalisée par Jonathan, tout évoque le dialogue possible entre eux – Jonathan parle même de « frictions » – comme le fait l’architecture de Le Corbusier à Chandigarh par exemple. À propos d’une importante communauté indienne qui vit à Brick Lane, à quelques encablures d’ici,