Le secteur du mobilier a entamé sa révolution pour devenir plus propre, plus durable, plus respectueux de la planète. Pour ce faire, la voie royale est celle de l’upcycling, la récupération de matériaux déjà utilisés qui, au lieu de partir à la poubelle, sont réemployés. C’est la direction qu’ont choisie Vianney Sauvage et Augustin Poncelet. Après une première carrière dans l’agro-alimentaire et le marketing, les deux amis ont décidé en 2017 de fonder un éditeur de mobilier baptisé Dizy depuis le Nord dont ils sont originaires.
Comme ni l’un ni l’autre n’est designer, ils se décident à chercher la perle rare, le créateur qui saura matérialiser leur rêve de mobilier éco-responsable. Ils le trouvent en la personne de Thomas Merlin, qui travaille avec différents éditeurs français (Drugeot Lab, Sanijura, Camif…) et qui est immédiatement sensible à la démarche. « Nous voulons publier des meubles faits avec des matériaux de récupération mais notre première exigence est qu’ils soient beaux ! Nous lui avons donc demandé de dessiner une lampe, un bureau… et ensuite nous avons cherché comment rendre ces typologies durables », décrit Augustin Poncelet.
Dépasser le stade de la petite série
Ensemble, ils décident de fabriquer leur mobilier à partir d’un nombre limité de pièces détachées. D’abord, car cela permet aux d’élaborer exactement le meuble qui colle à son intérieur en assemblant différents éléments grâce à un configurateur sur le site. Etagères, lapes, assises, tables… « Or un meuble que l’on a adapté à ses goûts et besoins va plaire plus longtemps. » Mais cela permet aussi de ne changer qu’une seule pièce en cas de casse et rend plus aisé le développement de pièces à partir de déchets.
Le premier travail réalisé avec le designer a consisté à « éclater » ses dessins en 31 pièces, standardisées et rationalisées. Reste un problème de taille : comment trouver des matériaux recyclés pour toutes les pièces ? Les filières de retraitement n’existent pas encore ou ne sont pas encore fonctionnelles pour de gros volumes… Le duo décide malgré tout de présenter la première collection Dizy lors du salon Maison & Objet en septembre 2019. Elle est fabriquée avec des matériaux recyclables, en attendant de pouvoir proposer des matériaux recyclés…
Cependant, Dizy ne perd pas de vue son objectif. Lorsqu’ils apprennent que l’ancien siège logistique des 3Suisses à Roubaix est désossé pour laisser place à une résidence flambant neuve, les deux associés prennent les devants. « Le bâtiment a été déconstruit intelligemment, en sauvegardant les différents matériaux. Personne ne savait quoi faire des parquets. Nous les avons donc récupérés pour en faire des tables basses, une série limitée de 75 exemplaires. La fabrication a été complexe car nous nous sommes heurtés au fait que toutes les lattes ont des dimensions différentes… » La plupart de ces tables équiperont les nouveaux logements construits dans le cadre du projet la Maillerie qui a investi l’ancien site des 3Suisses, mais quelques-unes sont en vente sur le site de Dizy.
Dans les prochains mois, Dizy compte bien atteindre son objectif initial. « Nous voulons dépasser la petite série en rendant plus simple la transformation industrielle des déchets en objets finis. La situation va s’améliorer car plein de réseaux se mettent en place pour trier et réutiliser. Nous voulons aussi élargir le champ des matériaux utilisés et s’adapter à tous ceux qui seront disponibles à l’avenir. » On devrait donc entendre parler de Dizy en 2020, notamment dans le cadre de Lille capitale mondiale du design…