Comment est né « Designmoiquitues.com » ?
Xavier Arrestier : J’ai découvert le web-marketing en 2010, en travaillant pour Zalando. Cela m’a donné envie de monter un site, même si je ne savais pas exactement vers où m’orienter… Un jour, en discutant avec Thomas Piquet, un designer et grand ami à moi, j’ai appris qu’il cherchait un moyen de proposer ses pièces à la vente. Tout est parti de là ! J’ai créé le site avec trois de ses créations et, petit à petit, j’ai contacté d’autres designers, céramistes… Cela fait bientôt cinq ans, et depuis ils sont 38 à avoir rejoint le site.
Vous n’étiez donc pas prédestiné à travailler dans le design…
Effectivement, à la base je suis diplômé en droit. Ensuite, je me suis orienté vers le web-marketing en tant que community manager. Aujourd’hui, j’ai encore un travail à coté, mais qui n’a plus rien à voir avec le web puisque je suis dans les assurances ! On peut dire que j’ai une double vie, même une triple vie car en plus de mon travail et de ma fille, je passe tout mon temps libre à chercher de nouvelles pièces et à discuter avec des créateurs. Ca me demande beaucoup d’énergie, mais je le vis vraiment comme une passion.
Les designers sont également mis à contribution…
Oui, je leur demande d’écrire eux-mêmes leur texte de présentation et la description de leurs pièces. Je leur laisse une liberté totale mais je trouve cela très important car ces mots traduisent à la fois leur personnalité et leur démarche. Ce sont également les créateurs qui envoient directement les commandes avec leur propre packaging. Il y a toujours une attention particulière, un emballage ou un petit mot personnalisé, et même, parfois, de petits cadeaux supplémentaires…
Comment choisissez-vous les pièces et créateurs présentés sur le site Designmoiquitues ?
Je n’ai pas de formation en art ou en design, donc je ne me sens pas spécialement légitime pour juger de la qualité technique d’une pièce. En revanche, j’aime me pencher sur la démarche des créateurs. Quand leur histoire me plaît, qu’il y a un bon contact et qu’ils travaillent de manière locale, artisanale ou en collaboration avec des petites PME, je fonce ! Par exemple, j’apprécie particulièrement la démarche de Nicolas Brevers, un designer qui fait appel à des personnes en situation de handicap pour réaliser ses luminaires.
Comment nouez vous ces collaborations ?
Au départ, grâce à beaucoup de bouche-à-oreille, des designers ont commencé à me faire découvrir le travail de leur amis et, au fur à mesure, les créateurs sont venus directement vers moi. Mais je recherche également de nouveaux profils sur les réseaux sociaux. Notamment sur Instagram, où j’ai découvert tout récemment les dessins de Pauline Ravier. Elle vient de passer son diplôme en architecture d’intérieur à Bruxelles, et n’avait même pas songé à les vendre…
Vous ne vous cantonnez donc pas aux designers français…
J’ai commencé par me concentrer sur le design français, mais l’idée de franchir la frontière belge s’est vite imposée. Dès les débuts du site, Thomas Lienard, fondateur du studio Grume basé entre Bruxelles et Ecaussines, m’a contacté pour me présenter ses buffets. Ca aurait été dommage de s’en priver et, plus largement, de faire l’impasse sur la scène créative belge qui est extrêmement vivante. Sinon, je n’ai pas l’intention d’aller beaucoup plus loin pour dénicher des pièces. Exceptées celles de la céramiste Clara Guttiérrez, basée à Paris lorsqu’on a collaboré pour la première fois, et aujourd’hui installée à Madrid.
Votre offre de produits a également évolué ?
Après avoir été uniquement composée de « gros mobilier », comme des chaises ou des tabourets, la sélection s’est peu à peu diversifiée avec des objets de décoration. J’ai toujours privilégié les pièces produites en micro-série ou sur commande, mais il est vrai que je propose de plus en plus de pièces uniques, telles les céramiques de Lucile Boudier. Elle travaille sans tour, uniquement à la main, selon la méthode du colombin. On peut ainsi lire l’empreinte de ses gestes sur chaque pièce.
Des nouveautés à glisser sous le sapin ?
Dans les dernières pièces qui m’ont vraiment ému, il y a notamment le travail de Pauline Djerfi, une céramiste nantaise qui signe une collection vraiment intéressante, à mi-chemin entre l’upcycling et la sculpture, en assemblant des objets chinés. Je propose également de nouveaux produits de Teddy Moissant et Benjamin Decle, qui travaillent tous deux avec l’impression 3D de manière ultra-artisanale. On retrouve aussi des miroirs de Laurene Guarneri, qui couvrent une gamme de prix très large, en restant toujours très poétiques !