Grâce à eux, l’Hexagone peut se vanter d’une renommée internationale en matière de design. De Le Corbusier à André Putman en passant par Jean Prouvé, zoom sur les 10 designers français qui ont marqué l’histoire.
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1 – Charlotte Perriand
Elle est la plus célèbre des créatrices françaises de l’histoire du design. Charlotte Perriand intègre l’atelier de Le Corbusier pour y concevoir des aménagements intérieurs et participe avec lui et son cousin Pierre Jeanneret à la création de mobilier. Certaines pièces, comme la chaise longue LC4 (1928, Cassina), sont devenues des icônes.
Pendant la guerre, alors qu’elle est retenue au Japon où elle travaille comme consultante pour l’industrie, elle s’inspire de l’artisanat et de l’esprit mingei pour ses meubles. Leur modernité a contribué au succès de l’exposition « Le Monde nouveau de Charlotte Perriand » à la Fondation Vuitton (octobre 2019-février 2020), à Paris.
La designer a toujours su être en lien avec le bain culturel de son époque, incarné par des artistes comme Fernand Léger. Sa curiosité et son « œil en éventail » ont donné un jour nouveau à l’esthétique du mobilier pensé pour un usage quotidien.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce de Charlotte Perriand …
Pour lire le portrait de Charlotte Perriand en intégralité, rendez-vous ici.
2 – Jean Prouvé
Jean Prouvé naît en 1901 à Paris. A 23 ans, il lance son atelier à Nancy et se met à la production de meubles en tôle d’acier pliée. Précurseur des éléments architecturaux préfabriqués avec l’association d’artistes « Union des Artistes Modernes» qu’il a cofondée, Jean Prouvé est à l’origine de la Maison du Peuple de Clichy réalisée en acier et en verre.
La guerre l’amène à travailler le bois, faute d’acier. Résistant, il devient maire de la ville de Nancy après sa libération et imagine des maisons en préfabriqué pour les sans abris. Il veut équiper des collectivités, concevoir et meubler des logements d’urgences, bref tout sauf aménager des intérieurs bourgeois.
S’il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands designers français, c’est parce qu’il pense le mobilier pour le plus grand nombre et délaisse le décoratif au profit de l’utilitaire. En 1934, il imagine la chaise standard pour l’École des sciences politiques de Paris, un modèle conçu pour durer et qui sera produit jusque dans les années 1950. Pour Jean Prouvé, les forces les plus élevées qui s’exercent sur une chaise sont portées par les pieds arrière, car ils supportent le poids du haut du corps. Une notion simple que l’ingénieur et designer a mis en application en concevant le siège. Les adeptes de décoration l’ont un temps mésestimée mais elle fait aujourd’hui partie des pièces iconiques du design.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce de Jean Prouvé …
3 – Le Corbusier
Architecte, urbaniste, peintre et designer, né à La Chaux-de-Fonds avant d’être naturalisé français, Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, est un tel monstre sacré que son talent est revendiqué de part et d’autre du lac Léman. A ce titre, il est l’un des plus grands designers français.
Auteur de bâtiments phares de l’architecture moderne comme la villa Savoye, à Poissy, la Cité radieuse, à Marseille, la chapelle de Ronchamp ou la haute cour de Chandigarh, en Inde, il a également cosigné quelques pièces iconiques du mobilier du XXe siècle.
Après avoir rétorqué, en pur misogyne, à Charlotte Perriand : « On ne brode pas des coussins ici », il l’engagera et la fera plancher sur des aménagements intérieurs et des dessins de mobilier (qu’il cosignera aussi…), en particulier la collection « LC », éditée par Cassina.
Ses variations sur le module archétypal de la simple caisse de bois donneront naissance au tabouret Cabanon, qui trônait dans son refuge de Roquebrune-Cap–Martin, comme dans les chambres de la maison du Brésil de la Cité internationale universitaire, à Paris.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce du Corbusier …
4 – Andrée Putman
Andrée Putman surgit tard dans le monde du design et de l’architecture intérieure, mais la tête pleine d’idées.
À la fin des années 70, son propre loft surprend sans remporter immédiatement l’adhésion. Ses intérêts culturels variés, de la littérature à la musique en passant par l’art moderne, lui sont utiles pour aménager des espaces.
Elle réédite aussi, avec Écart International, le mobilier du designer Robert Mallet-Stevens ou même une table du photographe Jacques-Henri Lartigue. Son banc Éléphant (1945, Studio Putman) est devenu synonyme d’un goût sûr, comme lorsqu’elle signait l’Hôtel Morgans à New York (1984), la cabine du Concorde (1994) ou des lunettes de soleil.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce d’Andrée Putman …
> Pour en savoir plus sur Andrée Putman, lisez son portrait en intégralité.
5 – Pierre Paulin
Né en 1927, Pierre Paulin grandit dans l’Aisne. Lorsqu’il rate son bac, il envisage de devenir tailleur de pierre mais une bagarre le blesse à la main et l’empêche de poursuivre cette voie. Il étudie alors la sculpture à l’Ecole Camondo puis fait ses gammes auprès de l’ensemblier Maxime Old avant d’intégrer l’atelier de Marcel Gascoin. Avec eux, ils découvre la production en série.
Dans la France des fifties, les jeunes designers se font remarquer au Salon des arts ménagers. L’édition 1953 voit le jeune Pierre Paulin exposer ses premières pièces pour l’éditeur Thonet France dans la section « Le Foyer d’aujourd’hui » (sic). Ses inspirations, il les trouve des deux côtés de l’Atlantique, chez les Scandinaves comme les maîtres du modernisme US comme le couple Eames, Eero Saarinen ou George Nelson. Il produit notamment des bureaux stricts mais modernes.
Il est ensuite recruté par l’éditeur néerlandais Artifort qui souhaite se lancer dans la production de mobilier contemporain. Le Français donne alors libre cours à son appétence pour les nouveaux matériaux en explorant ce qu’ils peuvent amener en termes de confort et s’adapter aux nouveaux modes de vie, plus décontractés. Entre 1960 et 1970, il met successivement au point le tabouret Mushroom, puis les fauteuils Orange Slice, Tongue et Ribbon.
Amateur d’avant-garde artistique, le président Pompidou est lui aussi séduit par le profil de Paulin. Il lui offre de repenser les parties privées du palais de l’Elysée. Dans les trois pièces qui lui sont confiées (salle à manger, fumoir et salon aux tableaux), Paulin s’en donne à cœur joie.
En 1975, pour faire face aux commandes qui s’accumulent, il crée son propre studio, ADSA, avec sa compagne Maïa Wodzislawska et le sociologue Marc Lebailly. Les projets couvrent aussi bien des produits d’électro-ménager en grande série pour Calor/Tefal que des espaces comme le hall des départs des TGV de la gare de Lyon ou des recherches d’ébénisterie au sein du Mobilier National. Le designer, considéré comme l’un des plus grands designers français, s’éteint en 2009.
Si ses classiques sont aujourd’hui largement réédités, son fils Benjamin et sa veuve Maïa continuent de faire vivre son héritage vibrant sous le nom de PaulinPaulinPaulin, en commercialisant des modèles jamais fabriqués à l’époque pour des raisons économiques ou industrielles.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce de Pierre Paulin …
Pour en savoir plus sur Pierre Paulin, lisez son portrait en intégralité.
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6 – Pierre Guariche
Si le statut « culte » n’a pas atteint avec autant d’évidence Pierre Guariche, c’est que l’esthétique précoce de ses lampes a influencé d’emblée une bonne partie de la production bon marché française qui, dès les années 60, l’a détournée pour lui donner une dimension pop.
Décorateur connu pour ses assises, diplômé de l’ENSAD, ancien de chez Marcel Gascoin, Pierre Guariche arrive chez les éditeurs Airborne et Steiner à partir de 1951.
Les luminaires G1, ses chaises Tonneau, puis Vallée blanche deviennent ses best-sellers. Il prend la direction artistique de la société belge Meurop dès 1957 et réalise l’importance d’inventer du mobilier à prix doux et pour tous. L’application de cette règle au luminaire lui permet vite de toucher le point G du commerce : succès critique et public.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce de Pierre Guariche …
Pour en savoir plus sur Pierre Guariche, lisez son portrait en intégralité.
7 – Philippe Starck
Figure tutélaire du design français, Philippe Starck a développé depuis les années 1980 un langage formel qui n’appartient qu’à lui, fait de lignes organiques et d’ergonomie innovante.
Il continue à dessiner des meubles — avec son Starck Network —pour de prestigieux éditeurs (Cassina, Glas Italia, B&B Italia…) et des décors pour des lieux de rêve (comme l’hôtel Brach ou celui qui occupera prochainement les étages supérieurs des tours Duo de Jean Nouvel à Paris), tout en réfléchissant activement au futur, un de ses thèmes de prédilection.
Ce tropisme pour l’innovation l’a ainsi conduit à penser une chaise co-dessinée avec une intelligence artificielle (AI pour Kartell), la future station spatiale touristique d’Axiom ou d’aider la start-up Aeklys à sortir une bague connectée et esthétique.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce de Philippe Starck …
Pour en savoir plus sur Philippe Starck, écouter son entretien dans notre podcast.
8 – Michel Ducaroy
Né en 1925, Michel Ducaroy grandit dans une famille d’industriels lyonnais qui crée du mobilier contemporain. Il étudie à l’Ecole supérieure nationale des beaux-arts puis entre dans l’entreprise familiale.
Dans les années 60, il rejoint Roset qui produit uniquement des chaises à l’époque et prend la tête du département design. Après avoir donné naissance à Adria, un salon modulable et près du sol, les sièges Koufra, Kashima et Safi, il connaît la renommée lorsqu’il conçoit le Togo, devenu best-seller de la marque. Sa pièce au succès international élève le designer au rang des plus grands designers français.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce de Michel Ducaroy …
9 – Bernard Albin-Gras
Le premier concepteur de lampes du 20e siècle, c’est lui. Né en 1886 à Saint-Raphaël, il crée une gamme de lampes industrielles en 1921, baptisées «Gras» et reçoit une médaille du concours Lépine, pour saluer l’ergonomie et la simplicité de leur design.
Le Corbusier s’entiche de ses créations et les utilise dans ses ateliers avant de les distiller dans ses projets architecturaux. Suivront Robert Mallet-Stevens puis Eileen Gray pour ne citer qu’eux. La collection, devenue iconique, se décline en plusieurs modèles.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce de Bernard Albin-Gras …
10 – Pierre Chapo
Pierre Chapo, né en 1927, envisage d’abord de devenir peintre professionnel afin de faire l’heureuse rencontre d’un charpentier qui le pousse à changer ses plans. Fasciné par le bois, il intègre l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris et fonde, en 1958, son atelier à Clamart.
Ses meubles y sont exposés au côté de lampes, de pièces en céramique et d’art de la table. Les modèles qu’il façonne seul sont le lit L01 dit Godot, la table 01 et le tabouret S01 notamment. En tout, le designer esquisse 100 modèles au cours de sa vie, avant de disparaître en 1987.
S’il ne fallait retenir qu’une seule pièce de Pierre Chapo …