Depuis son domicile lisboète où il était confiné, Sam Baron s’est rapidement demandé ce qu’il pouvait faire à son échelle pour lutter contre les conséquences de la pandémie. « Je me disais qu’il fallait lancer quelque chose. Mais qu’est-ce que les designers peuvent faire simplement et de chez eux ? Un dessin sur une feuille A4 m’a paru la chose la plus facile à produire. Et en même temps, ce format standard permet aux designers d’exprimer quelque chose de très personnel. »
Il contacte Karine Scherrer, la fondatrice de The Art Design Lab, galerie qui s’est spécialisée dans les œuvres en deux dimensions produites par les designers. « Je savais qu’elle avait une grande expérience de ce type d’œuvres, connaissait parfaitement le marché, les prix… Je l’ai appelé et elle a été emballée. Nous avons donc décidé de mettre en commun nos carnets d’adresses respectifs pour rassembler le plus d’œuvres possibles et les vendre sur une plateforme en ligne dédiée au profit de la Fondation de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris. »
Ionna Vautrin, Constance Guisset, José Levy, Pool Studio, matali crasset, Ferréol Babin, Charles Kalpakian, Charlotte Julliard, David & Nicolas, Guillaume Delvigne… Parmi les designers qui ont répondu présent, on trouve des têtes connues et des créateurs émergents, des Français, des Italiens, des Libanais… L’immense majorité s’est montrée enthousiaste à l’idée de participer. Chacun a offert une ou plusieurs œuvres et s’est engagé à l’envoyer à l’acheteur à l’issue du confinement.
Puis de fil en aiguille, grâce au bouche-à-oreille, de nouveaux designers ont demandé à rejoindre « Design x Life ». Aujourd’hui, ils sont près d’une centaine : certains sont déjà présents sur le site et d’autres, comme Dorothée Meilichzon, les rejoindront dans les jours à venir. Et si, au départ, l’initiative réunissait uniquement des designers produit, des créateurs venus d’autres champs connexes (illustration, mode…) les ont rejoints, comme Felipe Oliveira Baptista, le DA de Kenzo.
Certains ont pioché dans leurs archives personnelles, d’autres ont créé spécialement. La diversité des œuvres proposées est grande : des croquis pour un projet précis (comme pour le Pinorama d’Inga Sempé) ou des recherches graphiques plus formelles, abstraites (Sam Accoceberry) voire figuratives. Réalisés au crayon ou au pinceau, ces travaux nourrissent l’inspiration des designers en fonction de leur sensibilité.
Les prix affichés sont volontairement démocratiques pour du design de galerie (de 100 € à 1000 €) afin que tous les passionnés – et pas seulement les plus fortunés – puissent participer à « Design x Life ». Le format A4 a aussi été choisi dans cette optique. « C’est dans l’ADN du design de rendre les choses accessibles », clame Sam Baron. Cependant, certains designers offrent des formats plus grands, plus petits, voire carrément les prototypes qui ont suivi le dessin mis en vente !
L’intégralité des sommes récoltées sera reversée à la Fondation de l’Assistance Publique. « Cela crée une énergie généreuse et positive dans la communauté. Et même si les sommes récoltées peuvent paraître dérisoires face aux besoins, je trouve qu’il n’y a pas de petite générosité », conclut Sam Baron.
> « Design x Life », vente accessible jusqu’au 31 mai sur le site dédié.