Design Parade Hyères 2025 : Jaime Hayón et sa symphonie visuelle avec « Le Miroir »

Le designer espagnol Jaime Hayón, président du jury de la 19e édition du festival Design Parade Hyères, investit la Villa Noailles avec son exposition « Le Miroir ». Une chatoyante symphonie de styles dont le langage visuel rayonne dans ce joyau architectural de 1923 signé Robert Mallet-Stevens.

Cette année, la Villa Noailles accueille Jaime Hayón, designer espagnol et président du jury de la 19ᵉ édition du festival Design Parade. Avec son exposition « Le Miroir », il invite les visiteurs à plonger au cœur de son univers créatif, où l’art, l’artisanat et le design se mêlent dans une danse constante. Dans ce joyau architectural de 1923 signé Robert Mallet-Stevens, Hayon dévoile un parcours personnel et introspectif, reflet de vingt-cinq ans de travail et d’expérimentation.


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Que suggère le titre de cette exposition, « Le Miroir » ?

Plus qu’une exposition d’objets, « Le Miroir » est une invitation à découvrir le parcours créatif qui façonne ma vision depuis vingt-cinq ans. Ce voyage suit un mouvement continu, une sorte de danse entre l’art, la main honnête de l’artisanat et l’intentionnalité du design, des notions que j’ai toujours considérées comme participant de mondes convergents. Ce titre, « Le Miroir », porte donc sur l’observation de mon processus créatif et du travail qui résulte de ce véritable voyage.

Jaime Hayón dans son atelier.
Jaime Hayón dans son atelier. DR

Peut-on parler de rétrospective ?

L’exposition est moins une rétrospective qu’une introspection dans laquelle est explorée l’essence de mon processus créatif dans deux salles de la Villa Noailles. J’y parle d’inspiration, de recherche et d’exécution de mes idées.

La salle de squash représente mon studio comme une réflexion sur l’exploration, la nature expérimentale de mes réalisations, entre tradition et innovation. Là, se trouvent des objets, des dessins, des sculptures, des peintures et des sujets de recherches. Ce qui souligne aussi les diverses influences qui façonnent mon esthétique.

La deuxième salle (l’ancienne piscine dallée de verre, NDLR) présente une sélection de pièces marquantes : des céramiques sculpturales, d’élégants meubles en bois, des lampes en verre incandescentes et des sculptures en bronze. Tout cela témoigne de l’évolution de mon style personnel, pétri d’innovation, entre art, artisanat et design. Mes créations repoussent souvent les limites, remettant aussi en question les hiérarchies traditionnelles autour de ce qui relève des « beaux-arts » ou du « design fonctionnel », qui me paraissent indissociables.

Quelle idée sous-tend le processus créatif de cette exposition ?

Je veux partager ce qui se cache derrière les œuvres. Elles sont d’ailleurs accompagnées d’une sélection d’esquisses, de dessins préparatoires et d’illustrations qui en disent beaucoup sur le processus de création et l’importance du dessin. C’est mon outil fondamental pour explorer, essentiel pour rêver et pour traduire l’intangible en une vision tangible.

« L’exposition est moins une rétrospective qu’une introspection dans laquelle est explorée l’essence de mon processus créatif. »
« L’exposition est moins une rétrospective qu’une introspection dans laquelle est explorée l’essence de mon processus créatif. » DR

Vous souciez-vous de la critique du design ?

J’espère que non. Mon travail a été critiqué dès le départ et, d’une certaine manière, cela a renforcé mes convictions. J’ai toujours été trop artiste pour être designer et trop designer pour être considéré comme artiste. Je pense qu’il y a de la place pour les œuvres qui se soustraient à ces étiquettes et peuvent se connecter directement avec les gens.

Que vous inspire le fait d’exposer à la Villa Noailles pour Design Parade Hyères ?

C’est un honneur d’avoir été invité ; de nombreux grands designers ont exposé ici et ont présidé le jury. Rencontrer de nouveaux talents et, je l’espère, leur apporter quelque chose grâce à ce que l’on a appris, est l’un des aspects les plus intéressants de cette invitation à Hyères.

Qu’est-ce qui vous touche à la Villa Noailles ?

Le lieu et son histoire sont magnétiques. La maison a été créée à la demande du couple de mécènes Charles et Marie-Laure de Noailles pour chérir et apprécier l’art, et l’on ressent toujours cette ambiance. De nombreux artistes importants sont venus à la villa, qui est magnifique. J’ai été très ému par cet endroit, son histoire et son énergie. Je le trouve très inspirant.

« Mon travail a été critiqué dès le départ et, d’une certaine manière, cela a renforcé mes convictions. J’ai toujours été trop artiste pour être designer et trop designer pour être considéré comme artiste. »
« Mon travail a été critiqué dès le départ et, d’une certaine manière, cela a renforcé mes convictions. J’ai toujours été trop artiste pour être designer et trop designer pour être considéré comme artiste. » DR

Comment voyez-vous Design Parade Hyères au sein des grands rendez-vous du design ?

C’est un événement prestigieux qui fait vraiment la différence pour les jeunes talents du design. C’est un lieu de connexion, d’apprentissage et de communion.

En vous exposant, découvrez-vous de nouvelles choses ?

Chaque jour, je découvre de nouvelles facettes de mon travail. C’est une sorte de dialogue permanent. Heureusement, nous évoluons constamment à la recherche de situations nouvelles et, à chaque fois, plus intéressantes à partir desquelles on explore la créativité.

Que vous inspire l’idée que vos œuvres se marient très bien, même produites dans des contextes divers ou par des éditeurs différents ?

Mon travail est très reconnaissable. Mes principes de conception sont inchangés depuis le début de ma carrière et, même s’il y a bien sûr une évolution, la cohérence demeure.

« Chaque jour, je découvre de nouvelles facettes de mon travail. C’est une sorte de dialogue permanent. »
« Chaque jour, je découvre de nouvelles facettes de mon travail. C’est une sorte de dialogue permanent. » DR

Créer librement est-il plus difficile aujourd’hui ?

Question très philosophique. Le véritable enjeu est peut-être de savoir à quel point nous sommes libres aujourd’hui, alors que la communication joue dans nos vies un rôle si important. Elle nous permet en partie de nous connecter et de comprendre ce que les autres créent. Elle aide à prendre le pouls de la communauté créative, mais c’est aussi une réalité qui nous distrait constamment du réel et de nous-mêmes.

Dans quelle mesure sommes-nous vraiment libres ?

J’apprécie énormément ma liberté mais j’ai une disposition naturelle à la rébellion, ce qui me pousse à être curieux et à vouloir en apprendre davantage. Disposer de la faculté de concentration me semble, à l’heure actuelle, un défi pour l’ensemble de l’humanité.


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