Design et Musique : Les trois pièces iconiques de Claire Laffut

Pour fêter l’été, IDEAT invite la fine fleur de la musique actuelle à quitter son univers sonore le temps d’une entrevue. Le programme ? Évoquer son rapport au design et à la décoration d’intérieur à travers une short-list de trois pièces finement sélectionnées. Cette semaine, c’est la musicienne aux multiples casquettes Claire Laffut qui nous embarque dans un monde onirique et poétique, qui fait la part belle à l’artisanat.

Quand on lui demande son premier souvenir lié au design ou à la décoration d’intérieur, Claire Laffut, l’interprète de «Hiroshima », évoque un vitrail dans la maison de son père, fou de décoration. « C’est le premier objet qui m’a fascinée. Il séparait la salle de bain du hall d’entrée. C’était une pièce très fragile et, enfant, cela m’impressionnait beaucoup parce qu’il représentait saint Nicolas, un personnage très important en Belgique, car il est l’équivalent du Père Noël. Enfant, je jouais souvent avec mes frères dans le hall à côté de cette pièce très fragile, et cela rendait fou mon père », se souvient-elle.

« J’ai grandi au milieu de pièces hors du commun, un peu farfelues. Jusqu’à mes 16 ans, où je suis partie de chez moi. J’habitais seule et j’étais frustrée de ne plus être entourée de beaux objets. Je voulais retrouver de la beauté dans les meubles et j’ai commencé à en dessiner. Je savais que je voulais faire de la musique, mais le design m’intéressait énormément et c’est une direction que j’aurais pu choisir. »

Claire Laffut, une musicienne aux multiples talents

Musicienne, mais aussi peintre, Claire Laffut s’est aussi illustrée dans la conception d’objets, à l’occasion de la Paris Design Week 2016. Une expérience qu’elle nous raconte : « J’avais été invitée par Red Edition à customiser une table en marbre. Dans mes tableaux, j’utilise pas mal de visages, de bouches, de nez, de yeux et j’en avait reproduit sur ce modèle avec eux. C’est un matériau qui m’attire énormément, parce qu’il est veiné. Cela fait penser au corps humain. Lors de la confection de cette table, j’avais un œil au beurre noir, et je voyais vraiment l’évolution des veines de mon oeil, en même temps que je travaillais la table… »

Claire Laffut a réalisé cette table pour Red Editions.
Claire Laffut a réalisé cette table pour Red Editions. DR

1/ La table basse Arizona de Yann Dessauvage

« Il s’agit d’une table d’un designer belge qui est aussi un ami… Il est très talentueux et nous allons très certainement faire une collaboration ensemble. Il a tout juste 30 ans et son travail peut faire penser à celui d’un autre designer, plus ancien, Ado Chale. Comme lui, il marie la pierre à des matières métalliques comme le laiton. Je l’ai choisi car il a un très grand talent, et les jeunes designers belges sont encore trop rares. Je trouve qu’il crée des pièces uniques en son genre. J’aimerais bien avoir cette table chez moi … »

La table qu’évoque Claire Laffut est formée de deux parties, qui peuvent être associées ou dissociées grâce à un système de roulements ainsi qu’une poignée en laiton sertie. La partie de gauche présente une grande coupe de bois pétrifié fossilisé, tout droit venu d’Arizona, d’où son nom. La table, qui affiche 2 mètres de diamètre, est conçue autour de cette pièce, dont les courbes ont épousées par le laiton et la résine.

Table Arizona de Yann Dessauvage.
Table Arizona de Yann Dessauvage. DR

2/ Ses propres néons

« J’ai commencé à bosser à 16 ans dans les clubs de Bruxelles et j’étais obsédée par les néons. Par la suite, je suis allée visiter plusieurs ateliers de souffleurs de verre et j’ai découvert ce procédé magique, qui consiste à faire couler le verre, le remplir d’un gaz et révéler sa couleur grâce à l’électricité. J’ai créé moi-même ces néons pour la scène, mais ils sont si fragiles que dorénavant, ils restent chez moi. Ils reprennent la forme des visages que l’on retrouve dans tout mon travail. J’aime l’idée que l’on puisse emprisonner une couleur dans un tube, je trouve cette technique dingue. »

Claire Laffut réalise ses propres néons en déclinant le motif de visage qui lui est cher.
Claire Laffut réalise ses propres néons en déclinant le motif de visage qui lui est cher. DR

3/ Un service de table dessiné par Salvador Dali

« Je l’ai découvert très jeune, je devais avoir 7 ans, lors d’une visite au musée Dalí en Catalogne. Il est inspiré de la nature, et assez fou je trouve ! On y voit aussi bien un éléphant, qu’un serpent, qu’un escargot qui devient une branche ou une feuille d’artichaut avec de l’émail. C’est tellement méticuleux comme objet. C’est un service de table qui m’inspire beaucoup. Je peins beaucoup de végétaux, je pense que la nature c’est de l’art. Il n’y a rien de plus artistique que la nature qui est tellement riche de couleurs et de formes, c’est une source infinie d’inspiration. Et dès que l’on croise la nature dans les objets de tous les jours, je trouve que c’est un bel hommage à la planète. »

Ensemble de couverts dessinés par Salvador Dali en s’inspirant de l’univers marin.
Ensemble de couverts dessinés par Salvador Dali en s’inspirant de l’univers marin. DR

> Claire Laffut sortira son premier album « Bleu » le 3 septembre 2021 et le défendra sur scène dans la foulée…