Il est des toiles envoûtantes qui offrent au regard de véritables odyssées visuelles : les paysages abstraits de Zahra Holm en font partie. Rencontre avec une peintre à l’univers chatoyant.
Puiser l’inspiration dans ses origines
Si l’art a toujours attiré Zahra Holm, elle a mis du temps à sauter le pas. « Je me suis toujours dit que je m’y consacrerais lorsque je serais plus âgée, lorsque j’aurais déjà gagné ma vie» confie-t-elle. D’origine tunisienne et suédoise, la jeune peintre n’a pas eu de modèle de référence artistique étant enfant. Grâce à sa double nationalité, elle a néanmoins été au contact de deux cultures dans lesquelles l’architecture, l’artisanat et le design occupent une place considérable.
S’intéressant de près à la façon dont les bâtiments sont construits, mais aussi à la façon qu’a un corps d’occuper un espace, elle décide de suivre une formation en architecture d’intérieur et scénographie à l’École Hourdé – ESAT à Paris. Durant ses quatre années d’étude, elle réalise tous ses travaux à la main, « à l’ancienne».
Au terme de sa formation, elle ressent finalement la rigueur de l’architecture comme un poids et a un grand besoin de solitude. Ayant pris l’habitude de dessiner et de peindre en parallèle de son activité professionnelle, elle se consacre au mouvement et aux courbes pour s’émanciper des cadres.
Habiter la peinture
Si, au départ, ses œuvres présentent des éléments figuratifs et se déploient sur de petits formats, elles prennent peu à peu de l’envergure et se détachent de toute ressemblance avec le monde réel. Seules certaines figures, à peine suggérées – comme un visage esquissé ou une main -, occupent parfois ses toiles. En utilisant de la peinture à l’huile qu’elle dilue elle-même, Zahra Holm choisit instinctivement ses couleurs et les applique par petites touches, laissant deviner les nombreux passages du pinceau.
Caractéristique essentielle de son travail, la pluralité des nuances qui composent ses toiles rappelle les couches de l’épiderme. La peintre dresse ainsi une corrélation entre la surface qu’elle peint et son propre corps, de façon à l’inscrire dans ses tableaux.
Sa série Les Paysages dans la tête voit le jour lors du premier confinement. Contrainte à l’isolement, Zahra Holm — n’ayant que ses yeux pour observer le ciel, le soleil et les variations infinies de couleurs à travers sa fenêtre —, se met mise à rêver d’ailleurs et à exprimer ses émotions sur ses toiles. Sensible à la lumière, elle esquisse des œuvres dont les teintes varient au gré des saisons et de ses humeurs.