Impossible depuis la rue de soupçonner les trésors que cache la vaste demeure qui a tapé dans l’œil de jeunes entrepreneurs parents de deux enfants en bas âge. Une discrète page blanche dont s’est emparée la décoratrice Claude Cartier que le couple a rencontrée dans sa Chill Gallery.
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L’ici et l’ailleurs
« Ils voulaient retrouver l’esprit du showroom basé sur un artisanat de haute facture, sophistiqué par les choix et décontracté par le style. Tenus par des agendas chronophages et de jeunes enfants, ils cherchaient à installer chez eux une quiétude, un décor fort tourné vers les Arts and Crafts », précise Claude Cartier.
À chaque nouveau chantier, l’architecte d’intérieur fait appel à différents corps de métier. Au cours de ce projet, l’entreprise de rénovation DME Bâtiment est intervenue pour la réfection du toit avec les tuiles d’origine et la pose d’un parquet massif. De même, l’Atelier l’Art & la Matière a travaillé enduits et bétons cirés sur les murs.
Austin et Violette, les fameuses Redfield&Dattner, dont les décors artistiques peints font le tour du monde – et le miel des architectes –, ont réalisé pour la salle à manger un immense panneau au motif en nuage ponctuant avec poésie les autres coloris.
Des œuvres d’art ont aussi trouvé leur place, commissionnées par Céline Melon Sibille – fondatrice de Manifesta, un espace lyonnais consacré à l’art contemporain. Rarissime dans ce contexte urbain, la maison a en plus la chance d’être prolongée par un parc verdoyant.
« Comme cette rue grimpe, le jardin est directement relié aux pièces de vie du premier étage », détaille Claude Cartier. Un environnement auquel elle a répondu par une palette beige, rose, bleue, verte en variant les à-plats – enduits à la chaux, bétons patinés, tons mats qui absorbent la lumière et vernis qui la réverbèrent.
Espaces aérées
Longtemps s’est posée la question de conserver ou non la disposition classique des pièces de réception séparées par des doubles portes. « J’ai suggéré de garder ce format ouvert fermé, qui offre plus d’intimité selon les besoins », défend Claude Cartier. La configuration existante coule en effet de source entre le salon de 50 m² et la salle à manger principale, à la fois tournés vers le jardin et reliés à la cuisine.
Cette dernière dispose d’un immense îlot équipé d’un luxueux système B3, de Bulthaup, lequel conjugue meubles en aluminium naturel et anodisé gris foncé: cinq mètres linéaires pour le propriétaire qui aime cuisiner.
À côté, une salle à manger de poche permet à toute la famille de se réunir tranquillement. « J’ai également orienté mes clients vers du mobilier de caractère, comme ce tabouret-sculpture Kafa en cèdre ou ce fauteuil Pacha dessiné par Pierre Paulin. Ils ont aussi craqué pour les poteries et les lampadaires-totems de Pierre Casenove », ajoute l’architecte d’intérieur.
Une ode à l’artisanat
L’artisanat le plus pointu irrigue chaque recoin au travers des suspensions en fibres de Marie Sapet, d’une table Yab, de Yabu Pushelberg, format XXL ou du buffet AFA, signé Christophe Delcourt.
Tandis que des tapis de designers dessinent des soleils sur les parquets, la bibliothèque en plâtre aux alcôves arrondies rappelle le style méditerranéen. Ces partis pris instillent un petit air de vacances et invitent ainsi le Sud jusqu’à Lyon.
Le troisième étage héberge les amis, le deuxième, les chambres des enfants et l’incontournable suite parentale où la décoratrice a placé un immense dressing entre la chambre et la salle de bains.
Dans cet espace, le couple a pour lui un écrin nimbé de teintes cuivrées depuis les murs jusqu’au meuble-vasque sur mesure en bois bordeaux tissé de métal. « Les voiles ajoutés aux stores permettent des effets de lumière tamisée apaisante. De plus, un mur de miroir démultiplie l’endroit et occulte la douche. »
Dotée d’un balcon surplombant la ville, la chambre offre 60 m² dignes d’une suite d’hôtel de luxe avec sa cheminée, sa tête de lit en dégradé et ses plaids couleur curry qui réchauffent l’ambiance.
Claude Cartier y a aussi glissé un ravissant salon meublé de fauteuils en rotin italiens iconiques de Gabriella Crespi et des tapis signés CC-tapis et Uchronia. Un traitement inspiré d’un jardin d’hiver. La magie opère, nous sommes à Lyon, mais aussi un peu ailleurs.
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