Fondé en 1990 par Oliver Holy, un entrepreneur amateur d’art, d’architecture et de design, ClassiCon est le premier éditeur industriel à avoir fait confiance à des designers inconnus comme l’étaient à leurs débuts Konstantin Grcic ou Sebastian Herkner. Mais, plutôt que de bomber le torse, la marque préfère rappeler la signification de son nom, qui veut dire « classique contemporain ». La passion qu’Oliver Holy nourrit pour le design qui dure englobe ainsi aussi bien 2018 que le siècle dernier. ClassiCon a de fait remis en lumière toute une galerie d’ancêtres du design.
À commencer par Eileen Gray. Avec son iconique Adjustable Table, son surprenant fauteuil Bibendum ou encore ses tapis Castellar, Centimetre ou Kilkenny, tous créés dans les années 1920, elle surprend par sa modernité ! Quant à la réédition de son paravent Brick Screen (1925), en briques de bois laqué, elle achève de faire rivaliser ClassiCon avec les meilleures galeries. La présence au catalogue du gracieux portemanteau Nymphenburg d’Otto Blümel (1908) ou de l’exquis tabouret Banu d’Eckart Muthesius (1931) ne paralyse pas pour autant les designers contemporains.
Il en faudrait plus pour geler la créativité des Parisiens d’A+A Cooren, dont l’incroyable console Tadaima semble tenir au mur comme par magie. Sans peur aucune, Victoria Wilmotte, quant à elle, dote sa table Pli d’un somptueux plateau de marbre. Et, cette année, le Brésilien Guilherme Torres se distingue avec ses tables basses Bow délicieusement seventies.
Le plus étonnant, c’est que ce riche catalogue n’est géré que par 14 personnes ! De fait, la réussite de cette petite entreprise tient dans la façon dont elle n’a pas changé d’objectif : évoluer dans le design haut de gamme, certes, mais en valorisant toujours une modernité qui ne renie pas le passé. L’univers visuel de l’éditeur est en effet l’héritier de ces créateurs d’avant-garde qui, bien qu’en rupture avec leur temps, ne concevaient pas non plus de s’éloigner du monde artisanal et de ses techniques anciennes. Cet état d’esprit existe toujours chez ClassiCon. C’est peut-être pourquoi les nouveautés inspirent, sans impression de déjà-vu, le vague sentiment d’avoir déjà existé.