Au sous-sol de la galerie Féau Boiseries, à Paris (XVIIe ), se cachent des trésors qui excitent l’imagination des architectes d’intérieur. Des décors du siècle dernier, mais aussi des cheminées d’exception: en marbre Bardiglio, un modèle Art déco datant de l’entre-deux-guerres signé Emilio Terry (1890-1960), un autre cheminée dessinée par Jacques Émile Ruhlmann (1879-1933) en ébène de Macassar, qui a inspiré une création du décorateur new-yorkais Martin Brûlé… Les créateurs viennent de plus en plus nombreux sourcer cette typologie longtemps snobée par la modernité.
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Des cheminées qui habillent nos intérieurs
À l’instar du galeriste Victor Gastou, qui y a trouvé ce modèle d’Emilio Terry, exposé sur son stand au PAD de Londres, la célèbre foire de design, en octobre dernier : « La cheminée est un exercice de style avec lequel s’amuser. Elle a toujours été au centre du salon et se devait d’avoir un effet décoratif puissant », explique-t-il.
Et les décorateurs ne s’y trompent pas : Joseph Dirand, Pierre Yovanovitch, Francesco Balzano ou Laura Gonzalez ont réalisé des masterpieces que l’on retrouve même en couverture de leurs monographies. « Avec la cheminée, on est plus dans l’immobilier que dans le mobilier. Elle est structurante et ajoute de la personnalité à un appartement comme le ferait une façade ou une cage d’escalier », détaille Guillaume Féau.





Les spécialistes, tel Marc Maison aux puces de Saint-Ouen, proposent des modèles souvent ornementaux: en effet, si le foyer a perdu de son utilité, surtout en ville, il se mue en élément décoratif. Notamment depuis la redécouverte de Valentine Schlegel (1925-2021), sculptrice et céramiste, célèbre pour ses œuvres en plâtre qui mêlent fonctionnalité et esthétique organique.
« Elle a pensé cet objet laissé pour compte comme une sculpture géante. C’est pourquoi je me suis inspirée d’elle et de la villa Arpel du film « Mon oncle », de Jacques Tati, pour réaliser la mienne », détaille Johanna de Clisson, fondatrice du label Hiromi.
Une pièce unique qu’elle décline ensuite sur mesure : « Ce n’est pas un hasard si la cheminée connaît ce retour en grâce… Nous sommes plus réceptifs aux écarts de style que l’on twiste sans œillères, et l’on redécouvre le potentiel de cette pièce à haute valeur décorative ! »
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