La chaise Leggera de Gio Ponti éditée par Cassina

Zoom sur une pièce iconique.

Inspirée du style d’une fameuse petite chaise campagnarde du XIXe siècle, la chaise Leggera est devenue l’icône urbaine chic par excellence. À tel point que son éditeur, Cassina, fait passer ce best-seller du maestro italien du living-room distingué au jardin.


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Comment, à Chiavari, et autour, près de Gênes, ce qui n’était au départ qu’une modeste chaise en jonc, sortie non pas des maisons de campagne du XIXe siècle, mais de la campagne elle-même, est-elle devenue une icône indoor ? En 1951, l’architecte et designer Gio Ponti développe dans les ateliers d’ébénisterie de Cassina une assise inspirée de la fameuse Chiavarina.

Il conçoit sa chaise Leggera avec des pieds et des montants à section circulaire. L’agreste Chiavarina va passer de la brousse à la ville dans la décennie où l’Italie de la reconstruction consomme, s’équipe en Vespa ou en Fiat 500 et achète du mobilier.

Chaise Leggera de Gio Ponti par Cassina
Chaise Leggera de Gio Ponti par Cassina Cassina

Six ans plus tard, Gio Ponti pousse plus loin l’écrémage stylistique : il lui donne des pieds et des montants à section triangulaire et en renforce les joints. La chaise, rebaptisée 699 Superleggera, ne pèse plus que 1,7 kg.

La chaise Leggera de Gio Ponti met le frêne à l’honneur, associé à une assise en cannage ou tendu de cellophane en couleur. Les images des publicités montrent un enfant la soulevant d’une main, insistant sur sa légèreté.

Cette simplicité s’obtient toutefois au prix d’un travail d’ébénisterie digne de l’orfèvrerie. Cet investissement dans la création – désormais avec l’américain Haworth, actionnaire majoritaire – se poursuit aujourd’hui tandis que Cassina se pique de proposer une déclinaison outdoor.


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Reprenant à son compte une technologie développée en formule 1, l’éditeur utilise de l’acier austénitique (un alliage spécique inoxydable) à la place du bois.

L’hydroformage, un procédé de déformation des pièces repoussant les limites de l’emboutissage classique, permet de conserver à l’objet sa forme et sa légèreté : chaque tube d’acier est incurvé de l’intérieur vers l’extérieur puis inséré et élargi dans un moule où l’on injecte de la matière liquide.

Au vu de la nesse des éléments, l’opération est délicate. Le résultat, c’est une Leggera ivoire, taupe ou verte dont le cadre de l’assise, en plastique recyclé recouvert de coussins de polyuréthane rembourrés et enveloppés de toile hydrofuge, existe aussi en okoumé multiplis tressé de cordes de polypropylène.

Démontable, cette chaise Leggera est également recyclable. Décidément, la campagnarde du XIXe  siècle a su prendre le tournant du XXIe.


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