La très attendue Cité du vin, au bord de la Garonne, affiche une architecture qui ne laisse pas indifférent. Sa forme et ses courbes audacieuses, ses reflets changeants selon les heures évoquent le vin qui tourne dans le verre, la forme d’un cep de vigne, les couleurs et remous du fleuve… Culminant à 55 mètres, sur 10 niveaux, elle entraîne le visiteur dans un voyage original à la découverte du vin. Le parcours de la visite est ponctué par 20 espaces thématiques appuyés par des scénographies très nouvelles – projections de films, défilés de photos aériennes XXL des régions de production… – que l’on doit à l’agence britannique Casson Mann. Les technologies numériques et interactives – images 3D, décors, diffusion d’odeurs… – y tiennent le haut du pavé pour un résultat ludique. On y découvre l’histoire du vin de l’Antiquité à nos jours, les pays producteurs ; on y apprend que l’on fait du vin même à Tahiti ! Dès 2017, deux grandes expositions artistiques temporaires viendront compléter la visite. Au restaurant panoramique, Le 7 – au 7e étage –, on profite d’une vue exceptionnelle sur Bordeaux en dégustant une sélection de produits régionaux de saison, accompagnés d’une carte des vins du monde riche de plus de 500 références.
Autre événement de taille en juin dernier, l’ouverture du nouveau chai du château Les Carmes Haut-Brion. Quelles sont les raisons d’une telle effervescence ? Amour du beau, manne financière grâce à la flambée des prix du bordeaux et aux excellentes années 2009 et 2010, désir de « soigner » et de donner à ces vins d’exception le meilleur, soutien financier des grands groupes qui sont désormais aux commandes des prestigieux domaines ? Un peu de tout cela à la fois, incontestablement, à quoi s’ajoute désormais la volonté de se montrer, de s’afficher : une véritable révolution en Bordelais ! Résultat : les châteaux se livrent à une véritable compétition à travers leurs chais, toujours plus modernes, originaux, beaux et coûteux. De Ricardo Bofill à Christian de Portzamparc, en passant par Norman Foster, Frank Gehry, Jean Nouvel, Mario Botta, Jean-Michel Wilmotte et, dernièrement, Philippe Starck, ils ont tous signé l’une de ces réalisations prestigieuses et atypiques. À croire que le contenant est plus important que le contenu ! Ces nouveaux chais, véritables figures de proue des grands domaines, créent-ils davantage l’événement que les vins qu’ils abritent ? En réalité, ces équipements hors du commun sont devenus de véritables outils de communication ouverts à un public de plus en plus large qui se pique de connaître ou de découvrir le vin et les méthodes de vinification. Pour ces domaines viticoles longtemps jalousement cachés, c’est aussi une nécessité : il s’agit de rajeunir leur image de marque et de maintenir leur place de leader sur un marché de plus en plus concurrencé par les vins du « nouveau monde ». Car ce sont eux (l’Espagne, l’Afrique du Sud ou le Chili) qui ont lancé cette mode des « chais d’architecte ». Tour d’horizon dans notre diaporama.