Cerith Wyn Evans sublime la lumière au Centre Pompidou-Metz

Sublimer la lumière, telle est l’ambition de l’artiste britannique Cerith Wyn Evans qui, depuis les années 90, expose des sculptures mêlant néons et sons. Au Centre Pompidou-Metz, il rend hommage à l’architecture de Shigeru Ban et de Jean de Gastines, jouant avec les baies vitrées pour créer un parcours évoluant en fonction du temps.

Son œuvre intitulée Mantra l’a rendu célèbre. Ces deux chandeliers aux lignes classiques, réalisés à Murano, en verre soufflé à la main, semblent identiques, jusqu’à ce que l’œil discerne leur différence de format. Ils se reflètent dans les miroirs dont l’artiste a fait tapisser les parois du troisième étage du Centre Pompidou-Metz. Une idée inspirée à la fois par Daniel Buren, qui, le premier, recouvrit les murs de la galerie, et par le Murinan, un jardin traditionnel de Kyoto.


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Partition lumineuse

Alors que voyons-nous ? Les sculptures à l’intérieur, le monde à l’extérieur – la cathédrale gothique –, notre reflet ? Ce jeu sur les apparences est au cœur de l’œuvre de Cerith Wyn Evans, né en 1958, qui a élaboré cette exposition, explique-t-il, comme « un jardin de promenade » ponctué de sculptures réalisées entre 2010 et 2023 et exposées ensemble pour la première fois.

Starstarstar/Steer (Transphoton), de Cerith Wyn Evans (2019). Cadre métallique, verre, bandes LED et variateur de lumière.
Starstarstar/Steer (Transphoton), de Cerith Wyn Evans (2019). Cadre métallique, verre, bandes LED et variateur de lumière. Lewis Ronald

Parmi elles, Pli S=E=L=O=N Pli, composée de dix-sept plaques de verre transparent – chaque panneau diffusant un son différent –, immerge le visiteur dans « une sorte de station de radio expérimentale capable de capter les sons transmis par les satellites en orbite autour de la Terre », selon la commissaire de l’exposition, Zoé Stillpass.

Chorégraphie artistique

Toutes jouxtent des néons d’une couleur bleu froid, qui correspond à celle de la lumière des pays scandinaves, et dont les mouvements reproduisent ceux des danseurs du théâtre nô. Cette installation, sorte de chorégraphie fantôme, contraste avec les grilles blanches et noires des tableaux lumineux conçus d’après les Black Paintings du plasticien américain Frank Stella.

Série Phase-Shifts (After David Tudor), de Cerith Wyn Evans (2023). Pare-brise mobiles.
Série Phase-Shifts (After David Tudor), de Cerith Wyn Evans (2023). Pare-brise mobiles. Lewis Ronald

Ici et là, on entend un souffle, des notes de piano jouées par Cerith Wyn Evans, des extraits de Karlheinz Stockhausen ou de Pierre Boulez, d’une conférence de Gilles Deleuze et de Félix Guattari.

Et si les quelques pare-brise de camion endommagés, verres fissurés et suspendus tels des mobiles, évoquent la série de sérigraphies Car Crash, d’Andy Warhol, ou Le Grand Verre, de Marcel Duchamp, Cerith Wyn Evans, lui, préfère mentionner les écrans cassés de nos téléphones portables, l’un des symboles des vicissitudes de l’existence.

> « Cerith Wyn Evans. Lueurs empruntées à Metz ». Au Centre PompidouMetz, parvis des Droits-de-l’Homme, 57020 Metz, jusqu’au 4 avril. Centrepompidou-metz.fr


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