Représentant la quatrième génération à la tête de l’entreprise familiale, Caroline Catry est une femme pragmatique. La dirigeante de ces manufactures de tapis et moquettes pourrait se contenter des prestigieuses commandes des châteaux de Fontainebleau et de Compiègne, du palais de l’Élysée, de l’hémicycle de l’Assemblée nationale… Ou se reposer sur le label Entreprise du patrimoine vivant de ses ateliers installés depuis 1912 à Roncq, dans la banlieue lilloise. Mais en toute lucidité, elle reconnaît : « Si Catry est connu pour ses produits haut de gamme majoritairement réalisés sur mesure, qu’il s’agisse des couleurs, des motifs ou des dimensions, il nous faut aller vers d’autres marchés et nous ouvrir à des projets plus contemporains. » L’heure est donc venue de faire connaître le savoir-faire maison, qui est la dernière en France à maîtriser le tissage Wilton en petite largeur (70 cm). Il permet une plus grande densité au mètre carré, donc une exécution des motifs bien plus précise. Pour gagner en visibilité et être davantage prescrites par les architectes et décorateurs d’intérieur, les Manufactures Catry sortent du bois. Et cela commence par l’ouverture d’un showroom à Paris, rue du Mail, qui sera suivie en 2016 par un autre à Londres. Des implantations stratégiques, « que fréquentent les architectes que nous voulons toucher », explique Caroline Catry. Le contact direct va aussi permettre à la marque de valoriser ses atouts, comme son immense fonds composé de plus de 10 000 cartons jacquard originaux, dont ceux, exclusifs, de Madeleine Castaing. Les manufactures possèdent aussi une cellule de R&D qui travaille sur de nouveaux matériaux et effets, comme la métallisation. Un carnet de tendances a également vu le jour qui, comme pour la mode ou la décoration, présente les courants et les incroyables possibilités offertes. Un concours de création sera même proposé en 2016. Et l’audace paye : l’hôtel Le Montana, l’Hôtel Amour, le bar Le Matignon et le restaurant de Pierre Gagnaire à Paris, le bar de l’hôtel Connaught à Londres, et des architectes d’intérieur
aussi illustres que Jacques Garcia, Alberto Pinto, François-Joseph Graf se sont déjà laissé séduire.