Puissante, sombre, monolithique… Mytho semble venir du fond des âges. Et pourtant, la première collection de mobilier qu’Eric Schmitt a dessinée pour la Carpenters Workshop Gallery est bien d’aujourd’hui et propose une réflexion ludique sur l’inspiration.
IDEAT : Qu’est-ce que la mythologie, dont vous vous êtes inspiré pour créer cette collection, représente pour vous ? En quoi parle-t-elle de notre époque ?
Eric Schmitt : Je n’ai jamais vraiment travaillé sur une thématique ou sur une mission bien précise. Pour cette première collaboration avec les directeurs de la Carpenters Workshop Gallery que j’avais rencontrés il y a quelques années à Londres lors d’un PAD, ce n’est pas tant la mythologie qui m’a intéressé mais plutôt le brouillage les pistes. Faire dialoguer l’antiquité avec notre époque, poser le regard sur un objet non identifié et voir ce que cela génère comme émotion. C’est ce qui m’a amusé : découvrir, d’une manière archéologique, les vestiges d’une civilisation non référencée et tenter de retrouver des racines en faisant appel à notre mémoire collective. J’aime bien l’idée de se dire qu’au premier abord, ce mobilier est familier mais se sentir complètement perdu…
IDEAT : Combien la collection a-t-elle de pièces et comment s’est passée votre collaboration sur les artisans ?
Eric Schmitt : La collection comprend une dizaine de pièces, trois tables, deux consoles, un guéridon, un bout de canapé, deux bougeoirs et une lampe à poser en albâtre. Toutes les créations sont en bronze, nées du moulage. Les plateaux sont en lave émaillée déclinée sur les patines du bronze. Trois couleurs dominent l’ensemble, rouge, bleu et vert, travaillés dans des tonalités sourdes. Chaque pièce est numérotée de un à huit. On a travaillé avec nos artisans habituels qui râlent toujours un peu au début mais jamais à la fin. Car cette fois-ci, on leur a demandé de créer des patines inédites en détournant certaines techniques, comme par exemple faire recuire la lave en y ajoutant des pigments. Ce qui n’a pas toujours marché…
IDEAT : De quelles formes plus précises vous êtes-vous inspiré ?
Eric Schmitt : De rien à proprement parler. Les références à telle ou telle chose datent toujours un peu la création. Dans mon travail, j’essaie toujours d’être le plus intemporel possible. Si une table peut faire penser à un objet pré colombien ou grec, ça s’arrête là. L’important est de faire rêver…
> Mytho d’Eric Schmitt, du 8 septembre au 8 octobre, Carpenters Workshop Gallery : 54 rue de la verrerie, 75004 Paris, 01 42 78 80 92 et www.carpentersworkshopgallery.com