Un chai à vin en Bretagne ! Si l’idée a de quoi surprendre, la commune de Sarzeau et le parc naturel régional du golfe du Morbihan ont pourtant décidé il y a quelques années de relancer la viticulture sur le territoire après soixante-dix ans d’arrêt. Car oui, jusqu’aux années 1950, la Bretagne figurait bien parmi les régions productrices de vin. Retour sur l’histoire d’un moulin transformé en un domaine viticole par Carmen Maurice.
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Renaissance viticole
Un moulin – celui de Poulhors – à l’abandon devient alors en 2019 l’élément déclencheur de l’intiative. Il s’agit à la fois de retenir l’équipe qui va développer le projet viticole et les architectes qui vont rénover l’édifice patrimonial en vue d’en faire un repère identitaire de cette renaissance du vin dans la région.

L’approche se devant évidemment de répondre dans le même temps à un cahier des charges très précis défini par le couple choisi – Guillaume Hagnier et Marie Devigne – pour assurer l’exploitation des 5 hectares – à terme, 7,5 hectares – du vignoble de Rhuys. C’est Carmen Maurice, basée à Vannes et riche d’une expérience au sein de l’agence AA Perraudin, signataire de plusieurs chais, qui remporte l’appel à candidatures.
Plutôt que de poser un bâtiment agricole aux abords du moulin, la jeune architecte décide d’intégrer l’édifice historique au dispositif global, le ceinturant sur les deux tiers d’un bâtiment de faible hauteur (R+1). Celui-ci est érigé en briques Monomur recouvert d’un enduit à la chaux, qui assure une bonne gestion hygrométrique.

« Autre détail de conception, j’ai appliqué la règle du nombre d’or au plan de masse: ce qui a pour but d’excentrer légèrement le nouveau bâti par rapport à l’axe constitué par le moulin », souligne Carmen Maurice. Ainsi, l’ajout se déroule de manière fluide, permettant une optimisation du process de vinification selon un principe gravitaire des jus.
Autrement dit, une partie de l’outil agricole disparaît dans le sous-sol, minimisant l’impact visuel sur le paysage, sans pour autant amoindrir sa résonance symbolique. « Cette option prise de créer un niveau souterrain a été un vrai challenge car nous avons travaillé sur un site déjà en activité », précise l’architecte qui a livré la cuverie pour les vendanges 2022, bien avant la fin du chantier, près d’une année plus tard.
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