Élevée par des parents comédiens et metteurs en scène, Capucine Guhur a très tôt développé une passion pour le mouvement et l’image. Puisqu’autour d’elle toutes les formes d’art étaient célébrées, c’est par la danse et la musique qu’elle a appris à donner un rythme à ses œuvres plastiques. Diplômée de l’école Camondo, des Arts Décoratifs de Paris et de l’école d’Architecture d’intérieur et de design, Capucine est aujourd’hui une créatrice sensible aux jeux de matières. Les décors et le mobilier qu’elle esquisse s’en ressentent.
L’art et la matière
S’il est courant que des décorateurs explorent l’univers du design quand leur renommée n’est plus à faire, Capucine Guhur navigue déjà aisément entre l’architecture d’intérieur et le design d’objet. « J’ai toujours eu un attrait pour les lieux, les espaces qui nous entourent, les histoires qu’ils nous racontent. Je ne conçois mes projets qu’en associant intimement design d’objet et architecture intérieure. Il y a évidence à associer les deux disciplines pour un faire un récit sensible. C’est une façon que j’aime d’aborder les projets dans leur globalité.», confie t-elle. Une force qui a donné vie, l’été dernier, au Dernier Repas, une installation singulière que Capucine présentait à la Design Parade de Toulon et visible jusqu’au 31 octobre prochain.
Finaliste du Grand Prix d’Architecture d’Intérieur aux côtés de neuf autres jeunes talents, elle devait imaginer la pièce d’une villa méditerranéenne. «Mon décor est une salle à manger, celle du dernier repas entre Ulysse et Calypso et de leur altercation mythologique (dans une caverne, NDLR). Je voulais qu’une certaine théâtralité se dégage de l’espace. Chaque objet de la pièce est comme sorti d’un conte, à l’aspect étrange, minéral, voire organique. » Au milieu de la pièce, on découvre une grande table coupée à même la roche. Des chaises aux épurées, pareilles à des trônes, apportent une certaine majesté à la scène.
Sensible à la question du développement durable, la designer accorde beaucoup d’attention à l’origine locale des matériaux qu’elle utilise. « Ainsi, pour mon installation de la Design Parade, j’ai travaillé les enduits des murs et du plafond avec un mélange de chaux, de sable et de Kaolin. J’ai aussi conçu le traitement de surface de mes consoles en associant de façon un peu expérimentale des algues marines, de la colle de poisson et de l’encre de Chine. »
Du design d’objets empreints d’histoires
Lorsqu’elle crée, Capucine Guhur cherche toujours à raconter une histoire. Sa première collection de luminaire « Kanol », dessinée lors de son projet de fin d’études à l’école Camondo et en cours d’édition, ne déroge pas à la règle. « J’ai travaillé sur la réhabilitation d’un phare au large des côtes marseillaises. Ses pièces ont été dessinées en clin d’œil aux maillons de chaînes marines. De ces maillons est né le dessin de KANOL, alliant la dureté du métal rouillé et la fluidité de la lumière. »
En plus de la décoration d’un manoir en Bretagne, la designer travaille actuellement sur sa première collection de mobilier avec la galerie parisienne Kolkhoze, qui devrait sortir au printemps 2022. « Thibault Van den bergh m’a donné carte blanche. Travailler avec lui est très agréable car il croit en nous, jeunes designers, et fait confiance à nos élans créatifs. » La promesse de belles découvertes dans les mois à venir.