De Nathalie du Pasquier, les amateurs de design connaissent évidemment sa période Memphis dans les années 1980, période pendant laquelle elle va dessiner les motifs de tissus, de tapis et d’objets. Il serait dommage de passer à côté de sa carrière d’artiste, qui a sans nul doute nourri celle de designeuse. Pour la première fois en France, une rétrospective lui est consacrée : « Campo di Marte » est à découvrir du 16 avril au 25 septembre prochain au Mrac Occitanie – Sérignan.
De l’objet à l’abstraction
Née à Bordeaux en 1957, cette Milanaise d’adoption s’est formée en Inde, en Australie, en Afrique comme une vraie autodidacte, par le biais de la lecture et de l’observation. C’est à la fin des années 1970 qu’elle prend racine en Europe, dans la péninsule italienne, où elle rencontre Ettore Sottsass et consort. Une fois passées les années 1980, elle décide de se consacrer uniquement à la peinture, pour embrasser, dans un premier temps, l’exercice de la nature morte. Ces objets du quotidien, qui habitent son travail, vont par la suite prendre la forme de pièces en bois qu’elle va construire elle-même. C’est ce passage vers la troisième dimension qui, étonnamment, va précéder celui qui va la mener sur le chemin de l’abstraction.
Un parcours singulier, au cours duquel l’artiste passe d’un langage à un autre. Nathalie du Pasquier dit envisager le réel comme un inventaire « dont le moindre élément peut être transformé et transporté dans un autre univers ». Son travail passe de l’abstraction à la figuration, du volume à la double dimension. Sa peinture se fait à la fois environnement, espace et objet. Un étrange cosmos où harmonies, formes, et objets inanimés s’offrent sans discours imposés, laissant à ses spectateurs libre cours à toutes les interprétations possibles.
Une exposition à hauteur humaine
Pour rendre compte de cette carrière, du Pasquier a fait le choix de contourner les codes traditionnels de la rétrospective, et de donner naissance à une seule et unique installation. Initialement présentées dans les murs du musée d’Art contemporain de Rome (MACRO) lors d’une première exposition, les œuvres de différentes époques sont associées les unes aux autres, comme si elles étaient la «matière première» de cette fameuse installation.
Celle-ci prend corps sur des murs, travaillés par l’artiste comme s’ils s’agissaient de grandes toiles, peintes de différentes couleurs sur lesquels s’agencent dessins, gravures et constructions tridimensionnelles, mais toujours à hauteur humaine pour contraster avec le volume de pièces présentées. Ainsi, nous assure-t-on, les éléments «se répondent comme les instruments d’un ensemble musical», comme dans une «symphonie silencieuse ».
> «Campo di Marte» par Nathalie du Pasquier du 16 avril au 25 septembre 2022 au Musée régional d’art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée à Sérignan. Plus d’informations ici.