Bruno Schiepan, d’où vous vient l’idée d’utiliser comme support la chaise Tulip d’Eero Saarinen (1956) ?
Elle m’est apparue un beau jour, comme une fleur qui ne demandait qu’à être cueillie. Une sorte de toile blanche que j’ai eu envie d’exploiter pour sortir du cadre habituel.
Quelles réponses avez-vous trouvées ?
Je me sers de la Tulip Chair comme support premier. Je la découpe à l’aide d’une scie sauteuse, puis je peins les morceaux et les réassemble. J’aime transformer un objet qui a une fonction en quelque chose qui n’en a pas.
Le motif est un véritable leitmotiv chez vous. Pourquoi ?
En fait, je suis un peu sorti de cette période figurative. Aujourd’hui, le motif a moins d’importance à mes yeux. Les gens perçoivent dans mon travail des allusions au Pop art ou aux œuvres d’artistes tels que Mondrian ou les Delaunay. Tant mieux ! La culture de l’artiste influence forcément sa démarche.
La vôtre a pour effet d’apporter de la couleur dans les intérieurs. Est-ce volontaire ?
Un jour, une décoratrice m’a commandé une chaise pour un appartement très classique, dans les beiges et gris. Le mari a poussé un cri quand il l’a vue. Puis il s’est habitué et m’a passé lui-même une autre commande. Comme quoi, la couleur fait partie de la vie !
Comment vous positionnez-vous par rapport au street-art ?
Le « home art » que je pratique s’inscrit dans son prolongement. Sauf que, moi, j’interviens avec le consentement du propriétaire.
Est-ce qu’il y a chez vous une volonté de désacraliser l’art ?
L’art s’est désacralisé lui-même depuis longtemps. Quand on dit que l’on ne connaît rien à l’art, c’est par peur. De mon point de vue, le simple « j’aime-j’aime pas » se situe à un niveau d’interprétation suffisant.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Un nouveau mobile pour un hôtel décoré par le Studio Putman, à Levallois-Perret (92). Cet autre support est magique parce qu’il est constamment à la recherche d’un équilibre en train de se recomposer. Je veille juste à ne pas faire du Calder, la référence absolue en la matière !