En 1929, Mies van der Rohe, sur le point de prendre la direction du Bauhaus, imagine le pavillon allemand de l’Exposition internationale de Barcelone. Attaché aux moindres détails, l’architecte en dessine aussi le mobilier avec sa compagne Lilly Reich, et notamment la célèbre chauffeuse qui sera ensuite baptisée Barcelona. C’est sur ce siège que doivent s’installer les souverains espagnols en visite. Dans ce meuble sculptural inspiré des tabourets en croix utilisés par les Romains, Mies van der Rohe instille tous les éléments du Style international qu’il développera ensuite dans les buildings de son exil américain. Les matériaux sont luxueux, les lignes pures et futuristes pour l’époque…
« Il est presque plus facile de construire un gratte-ciel qu’une chaise. » Ludwig Mies van der Rohe
Finalement, les rois espagnols n’auront pas le temps de goûter à son confort. Quant au sublime pavillon en marbre acier et verre, il est détruit dès l’année suivante, avant d’être reconstruit à l’identique en 1983 sur les pentes de la colline de Montjuic. Editée dans la foulée durant quelques années, la chauffeuse connaît, elle, un retour en grâce dès les années 1950, et devient rapidement l’une des plus grandes icônes du design du XXe siècle.
Car après avoir succédé à Walter Gropius à la tête du Bauhaus, Ludwig Mies van der Rohe, contraint de fuir le nazisme, s’installe aux Etats-Unis en 1938. Nommé directeur du département d’Architecture de l’Institut de technologie de l’Illinois, il enseigne notamment à une certaine Florence Knoll. En 1953, alors qu’elle dirige Knoll International avec son mari, celle-ci profite des liens d’amitié tissés avec son ex-mentor pour décrocher les droits exclusifs de fabrication de la fameuse chauffeuse. Avec ses lignes graphiques, ses proportions généreuses et son étonnante légèreté, le siège accède au succès et sa notoriété n’en finit pas de grandir.
Avec son dépouillement chic, qui illustre à lui seul la fameuse maxime « Less is more » de son auteur, la Barcelona traverse les décennies sans vieillir et rencontre toujours le même engouement. A tel point qu’en 2008, Knoll décide d’en produire une version pour enfants. Et cette année, à l’occasion du centenaire du Bauhaus, l’éditeur américain en propose une série limitée à 365 exemplaires, produits tout au long de l’année et disponibles dans trois cuirs spécifiques, dont un magnifique vert profond avec une structure en chrome noir.
