A côté de ces chocs, se trouvent les Giardini, quartier des pavillons « historiques » un brin tièdes : ainsi du studio de musique tout en bois blond de Xavier Veilhan, représentant la France, qui en a laissé plus d’un de marbre. On foncera plutôt en face, au pavillon allemand, où Anne Imhof orchestre une performance de haute volée : des jeunes gens tout pâles dansent et chantent à vos pieds, sur les murs, au plafond, un peu emphatiques, peut-être, mais si intenses que cette œuvre mouvante a reçu le Lion d’or 2017.
La danse, le rituel, voire le chamanisme, c’est aussi la grande affaire de l’exposition centrale de la Biennale, dont le titre Viva arte viva sonne d’ailleurs comme une incantation. Ce sont ces rondes écologistes et nudistes que chorégraphiait l’Américaine Anna Halprin dans les 70’s et qu’on retrouve en photos et vidéos. C’est aussi cette caverne loufoque de la Française Pauline Curnier Jardin, dans laquelle on assiste à un cérémonial catho-poético-SM.
On croisera encore les extraordinaires totems de l’Indienne Rina Banerjee à base de coraux, de plastique, de poupées, et puis toute une série de sculptures tout en moelleux, tout en sensualité, tout en courbes, contre lesquelles on aimerait se lover : tableaux matelassés, superbement flasques, du trentenaire marocain Achraf Touloub ou pelotes de laine géantes et joyeuses de la vétérane américano-parisienne Sheila Hicks.
Le clou ? Un ensemble de sphères de marbres, luisant au soleil en bordure du bassin de l’Arsenale, qu’a déposé là la Polonaise Alicja Kwade : une Biennale en forme de célébration cosmique de la création…