Briser les solitudes urbaines, voici l’ambition de cet immeuble de Barcelone, en Espagne, récompensé en mai dernier de la première édition du Prix européen pour le logement collectif. La Borda a su séduire le jury présidé par l’architecte Anne Lacaton, lauréate du prix Pritzker 2021, qui l’a distinguée dans la catégorie « nouvelle construction » parmi 171 candidatures en provenance de toute l’Europe.
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Une conception sur-mesure en plein Barcelone
Cet immeuble de six étages comprend 28 unités de logements, des appartements de 40 à 75 mètres carrés complétés par 300 mètres carrés d’espaces communs visant à renforcer la vie communautaire – cuisine-salle à manger, buanderie, salle polyvalente, chambres d’amis, terrasses ouvertes à ses habitants – comme autant de promesses d’une qualité de vie améliorée et de socialisations heureuses.
« De nos jours, habiter en ville signifie de plus en plus être seul, ce qui peut jouer sur la santé mentale des personnes isolées », note Carles Baiges, architecte au sein de l’agence Lacol, conceptrice du projet, également résident de La Borda.
Fait notable : dès le début de ce projet, en 2012, ont été impliqués les futurs habitants dans la conception et la construction de l’immeuble, faisant de La Borda la première initiative du genre en Espagne. « L’histoire est née d’un centre culturel de quartier autogéré, qui s’est organisé pour amorcer la construction de logements pour ses membres », se souvient Carles Baiges.
Selon Lacol, c’est précisément ce modèle d’habitat communautaire qui a permis à La Borda d’innover dans la conception même de l’immeuble en dépassant les normes des projets d’architectures classiques, qu’ils soient privés ou publics. Du sur-mesure en somme.
La Borda : un droit d’usage à vie
Si le rez-de-chaussée et les fondations sont en béton, le reste de l’immeuble est constitué d’un bois lamellé-croisé en provenance du Pays basque, matériau visant une performance environnementale la plus durable possible. Le bâtiment a également réduit son empreinte carbone grâce à la superficie relativement modeste de ses appartements.
La consommation d’énergie de l’ensemble est drastiquement limitée grâce à une serre qui capte les rayons solaires l’hiver et sert de ventilation l’été, ainsi qu’une chaudière à biomasse. 24 des 28 unités de logement sont par ailleurs orientées sur la façade sud, dotée de rideaux de bois permettant de doser l’apport du soleil de même qu’ils rythment son esthétique. « À l’usage, on consomme moitié moins d’énergie que les autres immeubles du quartier », s’enthousiasme l’architecte.
La coopérative fait aujourd’hui partie du parc de logements sociaux de Barcelone. « La mairie dresse trois conditions pour prétendre à vivre ici, explique Carles Baiges. Une limite de salaire, ne pas être déjà propriétaire et habiter à Barcelone depuis au moins deux ans ». Grâce à ce système, il n’est pas possible d’acheter ni de louer à proprement parler son logement, mais l’on dispose d’un droit d’usage à vie moyennant indemnités.
En cas de départ, la coopérative décide du nouvel arrivant. « Il s’agit de cohabitation réussie entre individus, vie communautaire et engagement public », a relevé le jury du Prix européen pour le logement collectif pour justifier sa distinction. « Nous avons envie que ce projet soit un modèle d’avenir », affirme Carles Baiges. La Borda semble en tous cas emprunter la bonne voie.
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