Catherine Petitgas est née en France et a grandi en Afrique. Mais c’est à Londres qu’elle se spécialise en art moderne et contemporain d’Amérique latine, d’abord comme directrice de la galerie Alma, puis en participant à nombre de comités d’administration de prestigieuses institutions tel le Centre Pompidou, à Paris, ou en finançant deux des plus innovantes galeries londoniennes, la Serpentine et Whitechapel. En 1997, avec son mari, Franck Petitgas, un ponte de la City et administrateur de la Tate, elle décide de créer une collection d’art latino-américain.
Douze ans plus tard, ce fonds – riche de plus de mille pièces – est devenu incontournable sur la scène artistique internationale. Et Catherine Petitgas n’en continue pas moins de soutenir la création contemporaine à travers la publication de trois ouvrages consacrés au Mexique, à la Colombie et au Brésil (Contemporary Art Mexico, Colombia et Brazil), dont le dernier a été rédigé entre autres avec la commissaire brésilienne Kiki Mazzucchelli, sa partenaire de Pinta Art Fair, à Miami.
C’est au pays de Frida Kahlo et de Diego Rivera que Catherine Petitgas puise son inspiration. Et plus précisément à Mérida, capitale de l’État du Yucatán au riche patrimoine maya et colonial, où elle possède une maison. Que de chemin parcouru par cette passionnée de Marcel Duchamp (au point d’avoir donné le nom de son héros à son chien) jusqu’à sa découverte de l’art latino-américain ! Certes, l’inventeur français du ready-made figure en bonne place dans sa collection, aux côtés d’autres fameux surréalistes comme André Breton et Leonora Carrington, mais ils sont désormais accompagnés de nombreux artistes issus du mouvement de l’abstraction géométrique.
De son œil aiguisé, Catherine Petitgas constate que l’intérêt du public et des collectionneurs pour les créateurs latino-américains – bien relayé par les galeristes – va croissant. À commencer par Beatriz Milhazes, dont l’univers haut en couleur s’inspire à la fois des compositions optiques des Delaunay que des papiers découpés de Matisse. Car celle qui représenta le Brésil à la Biennale de Venise en 2003 et qui bénéficia d’une magnifique rétrospective à la Fondation Cartier trône aujourd’hui, six ans plus tard, dans le salon de la résidence londonienne de Catherine Petitgas avec une peinture intitulée Férias de Verão, sorte de frise évoquant la procession du carnaval de Rio.
Hormis l’extravagante Brésilienne, Catherine Petitgas possède aussi un totem en bronze d’une hauteur vertigineuse, sculpté par Erika Verzutti. Baptisée La Mexicana (surnom de Catherine Petitgas), cette colonne explore l’un des concepts défendus par la collectionneuse : l’union de l’art et de l’artisanat. Un croisement qu’ignorent Lygia Clark (1920-1988) ou Lygia Pape (1927-2004), pionnières d’un art performatif, participatif et sensoriel, intimement lié aux questions sociales. Ces deux figures historiques, la collectionneuse les confronte à d’autres « Amazones », de générations et de cultures différentes, issues de Colombie (Liliana Angulo, Beatriz González, Nohemí Pérez), du Pérou (Sandra Gamarra, Ximena Garrido-Lecca) et du Venezuela (Lucia Pizzani et Sol Calero).
Mais qu’importe le pays de naissance de ces Sud-Américaines, Catherine Petitgas cherche avant tout, dans chaque rencontre, la stimulation intellectuelle et le partage des points de vue. Son plus grand désir ? Qu’on se souvienne d’elle comme d’une femme qui a aidé les artistes à réaliser leurs rêves. Ne serait-ce pas là la définition d’une marraine ou d’une bonne fée ?
> « Amazones, une sélection d’œuvres d’artistes sud-américaines de la collection de Catherine Petitgas ». À Art Paris Art Fair, au Grand Palais, du 4 au 7 avril.