En 1993, Nîmes avait créé l’événement en inaugurant le Carré d’art, de Norman Foster, édifice de verre construit en vis-à-vis de l’un des monuments romains emblématiques de la ville: la Maison carrée (I siècle apr. J.-C.). Vingt-cinq ans plus tard, face aux célèbres arènes, elle récidive avec le musée de la Romanité, signé Elizabeth de Portzamparc.
Deux mille ans d’Histoire séparent les deux ouvrages : tout l’enjeu était donc d’instaurer un dialogue. Défi en partie résolu par la façade, que l’architecte a voulue légère et translucide : inutile de concurrencer la puissance des pierres. Une collection exceptionnelle de 5 000 œuvres antiques est abritée dans cet écrin qui, semblant en lévitation, profite d’un toit-terrasse extraordinaire ainsi que d’un jardin archéologique.
Le bâtiment d’un peu plus de 9 000 m2 ne se laisse pas intimider par les arènes. Mais, en France, dès qu’un architecte contemporain intervient dans un site historique, il n’échappe pas à la polémique. Elizabeth de Portzamparc, qui a dû essuyer de nombreuses critiques, déplore cette forme de conservatisme : « L’architecture moderne a détruit des villes, mais il serait étrange des se positionner contre l’architecture contemporaine, qui produit des chefs-d’œuvre dignes de ceux du passé. »
Objet du débat, cette façade ondulée composée de 7 000 lames de verre, qui façonne l’image du musée et affirme son identité sans s’effacer. Candidate malheureuse à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, la ville de Nîmes fut recalée en 2018. Pour le Conseil international des monuments et des sites (Icomos), le musée représente « une menace grave pour l’intégrité du patrimoine de Nîmes », rien que ça ! La capitale du Gard ira de nouveau défendre sa candidature en 2021, lors de la 45e session annuelle du Comité du patrimoine mondial. On lui souhaite bonne chance !