Alors qu’il enchaîne les projets dans la capitale, entre un café dans le XIe arrondissement, une boutique sur les Champs Elysées et des lieux d’hospitalité à La Défense, Stéphane Malka noue dans le même temps une relation étroite avec l’Egypte. Quelques mois après avoir inauguré la Maison d’Egypte de la Cité Internationale Universitaire de Paris, et la Black Pyramid, un hommage aux mythiques architectes Imhotep et Hemiounou réalisé dans la Nécropole de Gizeh, l’architecte et son agence parisienne investissent les abords du Nil avec l’Observatoire de Khéops.
Conçu comme « une halte à la porte du désert », l’Observatoire de Khéops allie une demeure privée et une résidence d’artiste à Nazlet El Samman. Ce village est encore préservé du tourisme de masse et de la spéculation immobilière et les vestiges archéologiques y sont légion. Le plus célèbre et le plus imposant d’entre eux – du haut de ses 137 mètres – domine le panorama depuis plus de 4 500 ans. Alors nul doute que construire à son pied soit intimidant ! A cette lourde tâche, le projet répond par une « architecture hypercontextuelle », partagée entre une approche vernaculaire et contemporaine.
Influencé par l’architecture informelle, bâtie sans l’aide d’architecte, qui représente aujourd’hui 70 % des constructions du Caire, l’ensemble du projet a été édifié sans recourir à aucun plan. Selon la tradition locale, orale et séculaire, seuls quelques croquis tracés à même le sable ont guidé la réalisation du bâtiment. En briques de terre crue, sa volumétrie rectangulaire se fond dans les teintes ocres du paysage urbain. Du coté du jardin et de sa piscine, d’anciennes fenêtres et persiennes rythment aléatoirement la façade. Une manière de filtrer un ensoleillement omniprésent, tout en prônant les circuits courts avec des matériaux recyclés qui proviennent directement des environs.
Parfaitement orienté, afin de scruter la course du Soleil et de la Lune dans toute leurs amplitudes, le bâtiment rectangulaire s’inscrit avant tout dans l’alignement du monument millénaire. Pièce maîtresse du projet, la « Salle du temps » exploite pleinement cette perspective à l’étage. Au dessus de l’espace méditatif dédié à la contemplation, une structure dessine un « portail tridimensionnel qui cadre la grande pyramide dans le viseur de la charpente ». Une anamorphose qui se décline avec une verrière aux couleurs du ciel, tandis le mobilier en métal joue des mêmes arrêtes triangulaires.
Réalisée par des artisans du village, une toiture textile et mobile chapeaute le belvédère. Un lieu où se rencontrent onirisme et pragmatisme, ainsi qu’écologie et sophistication. Autant de valeurs profondément ancrées dans la pratique de l’agence Malka Architecture, qui subliment désormais l’unique rescapée des Sept merveilles du monde…