Lorsqu’elle évoque sa nouvelle réalisation, Andrea de Busni ne peut cacher son émotion : « C’est le projet qui reflète le mieux mon travail. Au-delà d’un bel appartement, c’est aussi une histoire qu’on a vécue ensemble, avec ma cliente, grâce à laquelle nous sommes devenues amies. »
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Le code couleur
À 34 ans, l’architecte d’intérieur diplômée de Camondo n’en est pas à son coup d’essai. Pourtant, ils sont rares ces projets où la confiance mutuelle permet d’intervenir à tous les niveaux, et même sur la scénographie finale. Andrea de Busni a pu y déployer ce qui fait sa patte : de la couleur, des arrondis et du mobilier de toutes les époques, chiné avec patience au fil de longues discussions avec ses clients. « On rentre dans l’intimité des gens. C’est parfois vertigineux. Il faut comprendre leur processus créatif, car c’est toujours plus réussi s’ils s’investissent aussi. »


Dans ce 140 m² d’un immeuble des années 1930, le mot d’ordre était de créer « un cocon à la fois chaleureux et structuré ». Dès la phase d’avant-projet, l’une comme l’autre ont le coup de cœur pour le papier peint Dune radieuse, d’Inkiostro Bianco, composition de montagnes stylisées en rouge, rose poudré, vert et jaune, que l’on trouve aujourd’hui dans la salle à manger. Il donne le ton et « incarne cette sensibilité graphique et vibrante qu’on souhaitait obtenir ».
Marié au carrelage Rombini des frères Bouroullec pour Mutina – choisi dans le coloris Glossy Brun -, il détermine la gamme chromatique de l’appartement. « On m’appelle “Madame Couleur”, sourit Andrea de Busni. J’emmène toujours mes clients vers elle en déconstruisant tous leurs a priori. »

Utilisée à bon escient, elle rythme et étoffe le décor. Dans l’entrée, « une teinte forte mais sourde donne le “la” ». C’est un bordeaux qui répond au vert du papier peint et aux teintes de la cuisine, comme aux touches de bordeaux dans toute l’habitation. « L’idée était de retrouver, ici et là, à travers des meubles ou des objets, les tonalités des différentes pièces. »
En équilibre
Dans le salon, les murs sont blancs, le rappel de la couleur se faisant avec le tapis. « Attention, on ne fait pas un appartement “clown”, s’amuse l’architecte d’intérieur. Les pages blanches sont aussi intéressantes pour donner de la respiration et pour ne pas lasser. »



À côté, la salle à manger est réveillée par le papier peint Dune radieuse, pièce centrale de la décoration. Dans la cuisine, le marbre quartzite Taj Mahal permet de faire le lien entre le sol en béton ciré et le haut des murs laissé immaculé. La couleur, plus subtile, peut aussi se cacher au travers des matériaux, le bois, dans la cuisine d’abord, où il apporte de la noblesse, puis dans les arches des ouvertures et sur les poignées, réalisées sur mesure.
« Tout est une question de respiration et d’harmonie dans la composition », analyse Andrea de Busni, biberonnée à l’architecture par son père, Robert de Busni, créateur, entre autres, de la piscine Joséphine-Baker dans le XIIIe arrondissement de la capitale.


La propriétaire ne possède que quelques objets rapportés de ses voyages, qu’elle souhaitait disposer dans l’appartement. Le reste était une carte blanche, « ou tout comme, nous glisse la décoratrice. C’était un travail global, puisque j’ai pu la guider jusque dans l’achat d’accessoires ».
Le tout dans un mix d’époques propre à l’air du temps : le salon regroupe, par exemple, un lustre Crown Major, de Jehs + Laub pour Nemo Lighting, une table basse en loupe d’orme des années 1970, chinée à la Galerie Paradis, un fauteuil rose Roly Poly, de Faye Toogood, pour Driade, trouvé sur Leboncoin. Un travail méticuleux et « une grande fierté », conclut l’architecte.
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