« Nous explorons beaucoup, donc nous faisons nos propres erreurs. Parmi les boulettes, l’expérimentation de la porcelaine. On a tenté des combinaisons impossibles. Nous avons même cassé des moules. Pour finir, un atelier chinois tricentenaire a su fabriquer nos lanternes avec leurs reliefs très précis. Nous sommes à la merci de nos connaissances et de ceux qui en savent plus que nous. Une part de mon travail consiste justement à séduire les artisans avec un projet, à les inspirer et à les pousser hors de leurs limites », dévoile Gabriel Hendifar.
Porcelaine finement striée, crin de cheval, cuirs et laques aux finitions soignées ont forgé la réputation des luminaires d’Apparatus. Le laiton, un temps délaissé, reste le chouchou du directeur artistique : « D’une richesse et d’une noblesse infinies, il offre une certaine densité et sa chaleur. Selon ses finitions ou son épaisseur, ce métal flexible peut changer d’apparence. »
L’ancien créateur de mode est aussi attiré par les étoffes et se sert de celles de la maison Pierre Frey, avec laquelle une collaboration semble se profiler. Présent à Paris à la galerie Triode et référencé par l’américain BDDW (qui défend le design US au Salon du meuble de Milan), le studio Apparatus a ouvert une adresse milanaise et envisagerait prochainement une antenne à Los Angeles. « Ces adresses sont nécessaires pour contrôler la présentation de nos créations. Je suis très impliqué dans l’environnement de mes objets car j’impose aussi ma perception d’un monde. Apparatus offre un contexte pour l’esprit et une connexion avec d’autres choses plus impalpables comme la musique ou un parfum », assure Gabriel Hendifar, qui dévore en ce moment The Persian Boy. Ce livre de Mary Renault paru en 1972 raconte les liens entre un jeune Perse et Alexandre le Grand, le roi qui voulait comprendre et adopter le meilleur de toutes les cultures.
Cet ouvrage n’est pas sur son bureau pour rien. Américain né à Los Angeles de parents iraniens, Gabriel ressent la nostalgie d’un pays fantasmé qu’il ne connaît pas : « L’Iran est pour moi comme un mirage de sable. En ce moment, mes projets traduisent ces racines et cette émotion. » New York nimbée dès demain de lanternes persanes ? Et pourquoi pas…