Anissa Kermiche déshabille les femmes et porte leurs courbes en étendard. Un buste comme vase, un doigt manucuré en pendentif… Si elle s’est d’abord établie comme créatrice de bijoux, ses céramiques sont rapidement devenues des best-sellers.
A contre-courant
Réfugiée à Londres depuis dix ans, Anissa Kermiche aime sa tranquillité, à un coup d’Eurostar de sa famille. Elle a élu domicile dans le quartier de Marylebone car « les Francais migrent plutôt vers South Kensington, Notting Hill ou Hackney. Je ne connais simplement personne d’autre qui y vit ! ». Ermite ? Disons que la créatrice, qui tire son inspiration des surréalistes, aime cette tranquillité qui lui permet de créer « out of the box ».
Cet amour pour l’onirique et l’impalpable prend également forme dans son appartement londonien. « Mon intérieur est on ne peut plus coloré, coquet, fleuri, voluptueux, avec un intérêt pour l’art figuratif et les formes humaines », étaye-t-elle. Ainsi, ses vases audacieux sont légion chez elle. Aux murs, de nombreuses photographies — notamment un tirage de Ren Hang — et œuvres représentent des corps féminins nus. Dans la chambre, parité oblige, trois Apollons sont peints en tête de lit : « Je vis en concubinage avec ces trois hommes nus et silencieux qui veillent sur moi chaque nuit ! »
La vie en rose d’Anissa Kermiche
Chez Anissa Kermiche, le vide est roi. Peu de couleurs sur les murs, celles-ci prennent vie sur des pièces de design ou d’art sélectionnées par son œil d’esthète. Dans la pièce à vivre, l’humeur est plutôt au noir qui donne à l’espace une structure géométrique. Dans la chambre, en revanche, c’est Girl Power !
« Le rose étant ma couleur préférée, celle avec laquelle je vis une romance depuis mes premiers crayons de couleur, je me suis autorisée à l’avoir en couleur prédominante dans ma chambre. Si je m’écoutais, toute ma vie serait rose, des vêtements aux cheveux. Mais, vivant dans un déni permanent, je ne me l’autorise que dans ma chambre. Elle a un esprit enfantin, rassurant et innocent qui me laisse exprimer mon côté complètement girly… et quelque part vulnérable. »
L’univers d’Anissa Kermiche est le représentant d’un certain minimalisme. Les labels de décoration n’y sont pas si nombreux mais ils signent l’intérieur avec panache, à l’image des deux lampes Milano de d’Ettore Sottsass (1981), postées de part et d’autres de son lit. Au catalogue de sa marque, on repère le même schéma : des pièces fortes, identitaires, qui donne le ton plutôt de que se fondre dans un décor. Après les vases, les chandeliers, les bijoux, bien sûr, Anissa révèlera bientôt une nouvelle collection d’art de la table…