S’il est des édifices qui ont marqué l’histoire de l’architecture du XXe siècle, la Neue Nationalgalerie, à Berlin, en fait assurément partie. Signé Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969), c’est le seul et unique bâtiment que l’architecte allemand, parti aux États-Unis en 1938, a construit dans son pays natal après la guerre. Démarré en 1963, à Tiergarten, dans le quartier du Kulturforum et à quelques encablures de la Potsdamer Platz, le chantier de ce chef-d’œuvre ne fut achevé qu’en 1968.
Neue Nationalgalerie au rang d’icône
Si la Neue Nationalgalerie est érigée au rang d’icône, telle une conclusion tardive de la modernité, ce n’est pas par son écriture grandiloquente, mais au contraire par la simplicité d’une architecture qui, depuis plus de cinquante ans, traverse les décennies et a même changé de siècle sans jamais prendre une ride. Sur un plan inscrit dans un carré de 65 mètres de côté, les salles d’exposition sont logées dans le soubassement de l’édifice tandis qu’en surface, une série de huit poteaux cruciformes supporte la toiture en porte-à-faux qui coiffe les façades entièrement vitrées.
Le bâtiment, très fréquenté, s’était abimé au fil des années et nécessitait d’importants travaux pour retrouver de sa superbe. Autant dire que s’atteler à la rénovation de cette structure parfaite, parangon du minimalisme, était une mission pour le moins délicate, offrant une marge de manœuvre extrêmement réduite. Mais c’était compter sans le talent de David Chippereld, retenu en 2012 pour mener à bien ce chantier. Il ne s’agissait évidemment pas de transformer l’architecture originelle, mais de la réparer avec minutie. Tout l’enjeu étant de l’adapter aux normes du XXIe siècle avec le minimum de compromis.
La vision de Mies van der Rohe
« Démonter un bâtiment d’une autorité aussi incontestable fut une expérience étrange. La Neue Nationalgalerie est une pierre de touche de l’architecture pour moi, mais aussi pour de nombreux architectes, explique David Chippereld. Cette plongée dans le bâtiment a révélé à la fois son génie et ses défauts, mais n’a fait qu’approfondir mon admiration pour la vision de Mies van der Rohe. Notre travail était donc de nature chirurgicale, an d’appréhender les problèmes techniques tout en préservant cette vision. Il est certain que la réalisation d’une telle tâche, dans un bâtiment qui ne laisse aucun endroit où se cacher, est intimidante, mais nous espérons avoir restitué l’apparence originelle de ce patient bien-aimé, tout en ayant amélioré son fonctionnement intérieur. »
Travail d’orfèvre architectural
Le musée a fermé ses portes le 1er janvier 2015. Les 35 000 éléments qui le composent ont été soigneusement démontés puis réparés un à un, grâce à un travail d’orfèvre. Cette rénovation passait également par une mise aux normes techniques, avec l’ajout et la modernisation des systèmes d’éclairage, de climatisation, des ascenseurs, mais aussi d’équipements relatifs à la sécurité. Autant de contraintes qui s’accommodent généralement mal de l’épure.
David Chippereld s’est attaché à trouver l’équilibre, sur un l, pour préserver au maximum l’écriture de Mies van der Rohe tout en répondant aux exigences contemporaines. Le résultat est simplement bluffant, tant la greffe n’entache en rien le chef-d’œuvre tout en lui insufflant une nouvelle jeunesse. Si les conditions sanitaires le permettent, la Neue National galerie rouvrira au public à la n de l’été, avec l’exposition«Minimal/Maximal»,consacrée à l’artiste américain Alexander Calder. En France, Paris va également voir les portes de l’un de ses monuments emblématiques se fermer en 2023. Inauguré en 1977, le Centre Pompidou nécessite lui aussi de lourds travaux de rénovation… La réouverture est prévue en 2027.
La Neue Nationalgalerie rouvre au public le dimanche 22 août 2021 avec les expositions The Art of Society , et des expositions personnelles d’Alexander Calder et Rosa Barba .
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