Il y a des créations qui marquent une époque. Mais parfois, leurs auteurs sont tristement oubliés. Alia Vitae s’est donné la mission de les remettre à jour et débute cette aventure avec l’énigmatique André Cazenave.
« Avec son aura lunaire, la lampe Dora nous a toujours fasciné » nous confient Emma Demuynck et Julien Borisov, fondateurs d’Alia Vitae. Il est vrai que cette pièce des années 70 captive. Éteinte, elle pourrait se fondre entre de vrais galets. Allumée, elle révèle une tout autre facette, presque mystique.
Cette fascination n’a fait qu’accroître lorsque le duo s’est penché sur son créateur, André Cazenave. Après plusieurs mois de recherches, entre galeries, maisons d’édition et de ventes, le constat est unanime. Le designer français n’a laissé aucune trace, si ce n’est ses créations. Pour Emma et Julien, il est sûrement un créatif parmi tant d’autres dont l’histoire est tombée dans l’oubli.
Et s’il était possible de leur offrir une autre vie ? C’est en partant de cette question qu’est né Alia Vitae. Un projet d’envergure qui redécouvre et inscrit ces personnalités d’hier dans la société d’aujourd’hui.
Une réédition responsable
Sans archives et sans catalogues raisonnés, les deux fondateurs d’Alia Vitae se sont tout de même attelés à la réédition de l’œuvre manifeste d’André Cazenave, la lampe Dora. Pour eux, il n’est pourtant pas question de suivre le même modèle de fabrication. « Dans les années 1970, la question écologique était inexistante. Aujourd’hui, elle est primordiale ».
Lorsqu’ils déchiffrent les matériaux et leurs bonnes proportions d’usages, Emma et Julien font le choix d’une production en flux tendu afin de suivre au mieux chacune des étapes. Les pièces sont ainsi réalisées à la main dans un atelier à Montreuil et les matières – la fibre de verre moulée et la poudre de quartz et de marbre qui l’enrobe – sont sourcées en France. La technique est réinventée mais le rendu final reste fidèle à l’œuvre initiale. Une lampe brutaliste et minérale, à l’aura lumineuse.
La lampe Dora vue par Sophie Dries
Cette recherche sur la matière est l’occasion pour les fondateurs d’inscrire pleinement l’œuvre dans la création contemporaine. « Pour créer ce pont temporel, nous avons voulu inviter un talent d’aujourd’hui à repenser le travail d’André Cazenave ». Et c’est vers la designeuse française Sophie Dries qu’ils se tournent. Coïncidence, la créatrice était déjà familière avec la lampe rocailleuse. La collaboration est évidente.
De cette réinterprétation découle la série PETRA : un tabouret et un miroir monumental également lumineux qui unissent l’irrégularité naturelle de la roche et la radicalité provoquée par le geste humain. Recréer le lien entre l’homme et la nature était le souhait d’André Cazenave. Alia Vitae et Sophie Dries le perpétuent.
Si Emma et Julien souhaitent par la suite mettre en valeur d’autres designers, l’énigme du designer français n’est pas encore résolue. « En creusant, nous avons pu trouver d’autres créations que nous souhaitons également rééditer et peut-être un jour, réaliser la première exposition du designer ». En attendant, il est possible d’acquérir la lampe Dora et les interprétations de Sophie Dries à la rentrée, bientôt accompagné de leur version outdoor, afin de replacer ces pièces dans leur environnement initial.
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