On parle beaucoup d’artisanat. Cela vous intéresse-t-il en soi ?
Oui. Avant ma collaboration avec Vincent Sheppard, j’avais déjà envie de créer de manière plus naturelle. Personne ne nous sollicite dans cet esprit. Moi, j’ai toujours eu comme politique d’essayer de faire ce dont j’avais envie et de chercher ensuite quelqu’un pour le produire. Je n’attends pas qu’on vienne me voir. Le tabouret Chubby en verre et tissu chez Verreum correspond à cette envie d’expérience au cœur de l’artisanat.
Avec Verreum, comment s’est amorcé ce projet de tabouret en verre ?
Je les avais rencontrés à Maison & Objet. Nous avions discuté. Je trouvais ce qu’ils faisaient très intéressant. En même temps, Verreum était loin de mon univers. Le verre est beaucoup plus froid que les matières que je travaille habituellement. Je voulais voir ce que je pouvais avoir à dire. Je leur ai demandé si on pouvait créer de plus grandes pièces. D’où l’idée du tabouret en verre, ce qui n’était pas nouveau, mais rare. Je voulais que ce verre soit aussi confortable que chaleureux. D’où l’idée de recouvrir l’assise de tissu.
À WantedDesign New York, on vous retrouve sur le stand d’Évolution, une nouvelle marque française d’ustensiles de cuisine haut de gamme.
Cela a commencé il y a quatre ans. Je faisais surtout du mobilier et je venais, du coup, au design industriel, celui que j’ai étudié. J’aime bien changer de domaines et de technologies. J’ai dessiné une collection à des prix abordables. Je voulais des formes simples et honnêtes. L’histoire familiale derrière le projet, c’est celle des ustensiles de cuisine Mauviel. Donc cela fait partie de l’héritage. Allait-on faire des saladiers ou des choses plus complexes ? Je suis resté sur des produits simples ou décalés. Les idées sont venues ici, dans ma cuisine. En coupant mes légumes, je me suis rendu compte qu’on intègre souvent certaines problématiques perçues comme inchangeables. Les produits les plus innovants de la gamme sont nés comme ça. Ils seront en magasin en juillet.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
De nouvelles pièces pour Vincent Sheppard et BuzziSpace. Nous travaillons aussi sur des tapis avant même de savoir qui va les éditer.
Les Belges n’ont-ils pas une proximité avec le design moderne ?
Il n’y a sûrement pas que la vision moderne. Après, je différencie le côté néerlandophone et le côté francophone. Côté francophone, le meuble de famille souligne les origines ou la culture. Si tu ne connais ni les usages ni le vin, en France, tu n’es personne. Côté néerlandophone, l’intérêt pour le design date de la fin des sixties. Cela fait partie d’un développement économique. On montrait des appartements témoins avec un mobilier du futur. Là, le signe de distinction sociale serait plutôt de connaître le design et la culture moderne. Je caricature un peu, bien sûr. Globalement, tout le monde aujourd’hui a entendu parler de design.
Comment voyez-vous le design dans un futur proche ?
Je crois que l’on est en train de sortir d’un certain pessimisme et de cette crainte de l’avenir. En tout cas en Europe. Il y a plus de libertés pour prendre des risques. Même si, pour chaque designer, cela reste une lutte de tous les jours. Nous, nous vivons bien du design d’édition, donc je ne peux pas me plaindre. On a de la chance. Je pense que les gens ont de plus en plus besoin de se différencier. Tout le monde n’achètera pas du « design d’édition », mais je crois que de plus en plus de gens apprécient de voir et d’avoir de très belles pièces. Je pense qu’on est dans une ère de plus grande modernité acceptée par davantage de gens.