Où avez-vous débuté, en Belgique ou en France ?
Pendant que j’étudiais le design en France, à l’ISD de Valenciennes, j’ai travaillé six mois comme stagiaire avec Xavier Lust. Ce n’est qu’après cette expérience que j’ai été engagé, par hasard, chez Arne Quinze, avant de terminer mes études.
Comment se porte le design en Belgique ?
Par rapport à la taille du pays, la scène du design me semble quand même très dynamique. De par la division de la Belgique, il y a toujours moyen d’être soutenu par les uns ou par les autres. Et puis ce petit pays sait qu’il faut renforcer l’exportation, parce que, dans ce domaine, on n’est rien en restant chez soi. Quand j’ai démarré, je ne voulais même pas travailler avec des boîtes belges. C’est un peu bête, d’autant qu’à l’époque, les designers flamands tournaient plutôt bien. Mais ils travaillaient de préférence avec des boîtes flamandes. Rien de mal à cela, sinon une forme d’entre-soi. Mon véritable but, c’était l’Italie.
Aujourd’hui, chez l’éditeur belge Vincent Sheppard, votre Wicked Sofa fait passer cette pièce de l’outdoor à l’indoor…
Oui. Wicked Sofa, conçu pour l’extérieur, peut très bien s’utiliser dans un lobby d’hôtel. Avant qu’on ne se rencontre, je ne connaissais de Vincent Sheppard que le nom. Je ne savais pas que ses équipes étaient belges. Je les croyais françaises. Et, contrairement à ce que je pensais, si on regarde bien leurs collections, la plupart des éléments ne sont pas faits pour l’outdoor. Ils sont précisément dans un entre-deux. Le Wicked Sofa, on le voyait mixte, intérieur et extérieur. Les gens de Vincent Sheppard ont pensé que l’on devait utiliser des fibres synthétiques afin de pouvoir l’utiliser d’abord en extérieur. Ils connaissent très bien le design.
Une fois couronné Designer de l’année 2012, ici, en Belgique, que s’est-il passé ?
Au studio, on s’est mieux porté. Pas tout de suite, mais peu de temps après. Cela a grandement amélioré la visibilité de notre activité. Je me suis même posé des questions au bout de trois mois quand je me suis rendu compte que je répondais chaque semaine à des interviews. Il fallait changer notre organisation. C’était un peu effrayant, cette manière d’encombrer le temps de travail. Comme j’en avais parlé au designer Bram Boo (Designer de l’année 2010, NDLR) qui est un bon ami, j’étais déjà un peu préparé. À peine nommé Designer de l’année, je recevais la commande d’une sculpture destinée au pied d’un immeuble encore au stade de plan. J’ai remercié gentiment et me suis concentré sur ce qui nous intéressait.
Aimez-vous expliquer votre travail ?
Je pense que cela en fait partie. Ce n’est pas aux gens de tout comprendre de notre activité entre art et commerce. Quand je dessine, je veux que le résultat soit lisible. En général, j’évite plusieurs niveaux de lecture. Je pense à la ligne claire des dessins de Tintin.
Quand vous travaillez en France avec Ligne Roset, remarquez-vous quelque chose de spécifiquement français, ou bien Roset est-il Roset avant d’être français ?
Avant les nationalités, il y a les personnes. La différence entre une marque italienne et Ligne Roset vient de leur positionnement, mais il n’y a pas de différence à proprement parler, même s’ils n’éditeront pas les mêmes choses. Ce sont de grandes marques qui peuvent toutes sous-traiter. Les différences tiennent aux personnalités. Ligne Roset n’est pas La Chance. Ligne Roset ne supporte aucun poids de la tradition des arts décoratifs.