2/ Paludes
Damien Roger (1983) a créé Paludes avec François Hérisset (1985) à Paris en 2015.
Pourquoi le paysage ?
Nous avons d’abord étudié aux Beaux-Arts, où les questions de contexte et de spatialité étaient au centre de nos interrogations. Une formation passionnante qui nous a poussés à la recherche d’une altérité, par opposition à un environnement qui nous semblait parfois trop autoréférentiel. Il s’agissait de sortir de soi, de regarder ailleurs. Le paysage s’est présenté comme une attitude et une façon de regarder, il est définitivement transversal. La paysagiste Liliana Motta le dit très simplement : « Je suis dehors. »
Votre rencontre ?
À l’École nationale supérieure de paysage de Versailles, dans une serre horticole ancienne, abandonnée des étudiants à l’époque. Nous n’en sommes pour ainsi dire jamais sortis pendant quatre ans.
Votre projet le plus important ?
Le domaine des Ormes pour la maison Troisgros : une rencontre avec une équipe et des commanditaires fascinants d’abord, puis la collaboration avec Patrick Bouchain, l’agence Construire et des entreprises étonnantes. La liberté d’expérimenter, par échantillonnage, à grande échelle. Un apprentissage.
Un projet que vous auriez aimé réaliser ?
Le couvent dit « des Capuchos », dans la province de Sintra, au Portugal. Une évidence vernaculaire qui résulte d’une adaptation minutieuse aux contraintes topographiques, hydrologiques, sociales, agricoles… Une forme superbe.
Une date importante pour l’agence ?
Plus qu’une date, une saison : l’automne. À l’entrée dans une sorte de sommeil modulé du monde vivant correspond une mise en éveil chez le paysagiste, un regain.
Votre philosophie ?
Une posture qui serait à mi-chemin entre le geste et sa suspension.
Un ou une paysagiste que vous admirez ?
Une succession. Les différents auteurs, professionnels ou non, les Clausse, Gallard, Potier de Novion, Destailleur, Ganay, Duchêne… qui ont progressivement construit le parc de Courances (Essonne) depuis le XVIe siècle, à tour de rôle. Et les plantsmen anglais, botanistes à l’origine, qui, comme beaucoup de pépiniéristes collectionneurs, par exemple, ont pris cette voie par la force des choses, par obstination ou par obsession, au choix.
Un rêve ?
Une utopie méthodologique, plutôt, qui serait de ne travailler que sur un projet à la fois, dans le temps long. Théoriquement, la compréhension d’un territoire devrait prendre un temps infini.