L’évolution des transports publics est d’ores et déjà l’un des gros chantiers de la transition écologique. Le groupe AREP planche sur cette question cruciale en développant de nouveaux modèles d’infrastructures. « Plusieurs études démontrent une tendance à la hausse de la fréquentation des gares dans les prochaines années », introduit Céline David, directrice design au sein de cette filiale de SNCF Gares & Connexions. Selon les scénarios, il s’agira en effet d’une augmentation de 5 à 30% de la fréquentation des trains et de 10 à 43% de celle des bus d’ici 2050 selon l’expertise de Prospective – Transition(s) 2050, menée en 2021 par l’ADEME, agence de la transition écologique.
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La SNCF fait le pari des véhicules autonomes
Par souci de sobriété, AREP privilégie donc la transformation du patrimoine existant. « Notre groupe prépare les 3000 gares du pays, qui ont parfois un certain âge, à cette augmentation de flux de voyageurs. Nous réfléchissons ainsi à l’évolution des infrastructures de transport, puisque l’on sait aujourd’hui que l’une des clés pour répondre à cet enjeu climatique est le transfert modal », c’est-à-dire le report d’une partie des flux d’un mode de transport vers un autre, ce qui revient à inciter les populations à délaisser leurs automobiles pour les amener vers des solutions de mobilités collectives.
Pour développer les transports en communs, la filiale de la SNCF travaille donc à enraciner les dessertes plus loin dans le territoire, notamment en zones périurbaines. L’entreprise publique a initié des tests de véhicules autonomes sur une emprise ferroviaire désaffectée et bitumée, transformée en route connectée. « Nous sommes encore en phase de test pour évaluer son succès auprès du public», reprend Céline David.

Sur l’ancienne ligne Nantes-Carquefou, en Loire Atlantique, le groupe a donc conçu une station prototype qui laisse présager ce que pourrait être l’avenir. Celle-ci intègre des balises lumineuses afin de rendre plus compréhensible l’usage de ce dispositif, encore inédit en France. « C’est un service dont les utilisateurs n’ont pas l’habitude, ils ont besoin d’explications poussées sur l’utilisation des navettes et leur possibilité de les commander », reprend-elle.
Il s’agit là d’un abri classique en termes de fonctionnalités, avec toutefois un design spécifique comprenant une toiture végétalisée perméable aux eaux pluviales et un treillage en bois qui sert de support à la végétation grimpante. Il comprend en outre des casiers type conciergerie pour déposer ses affaires. Les retours d’expériences de ces utilisateurs-test permettront de juger de l’efficacité des nouvelles lignes autonomes et peut-être de futurs projets sur le territoire français.
De l’auto-stop à l’autopartage
Là où il est impossible d’acheminer des transports publics, c’est-à-dire dans les zones rurales à trop faibles densité, il s’agira de développer de nouveaux usages. Le groupe a mené une étude détaillée sur les besoins des populations rurales en matière de mobilité et en a conclu un projet visant à promouvoir l’autopartage et l’auto-stop. Des abris pionniers servent de premier test dans deux communes du Finistère : Guimiliau et Plouzévédé. Nommées « stations des mobilités rurales », elles ont pour objectif d’améliorer la desserte dans les zones non desservies.

Là encore, on y retrouve les fonctionnalités de base d’un abribus, à la différence que les usagers ont la possibilité de signifier leur présence aux automobilistes à distance, grâce à un signal lumineux placé en hauteur, plus facilement repérable et plus officiel qu’un pouce levé sur le bas-côté. « Ce sont des solutions simples à installer, décrypte Céline David. Nous voulons repenser les usages dans les milieux ruraux pour faciliter les déplacements en activant la solidarité via l’autopartage. Au-delà d’emmener les gens d’un point A à un point B, ces solutions vont renforcer le lien social, transformer la société en profondeur. Étant donné qu’il n’y avait aucune offre auparavant, la population est réceptive. » Ces éléments de mobilier urbain s’intègrent en outre pleinement dans leur environnement, des panneaux photovoltaïques permettant l’éclairage nocturne des deux stations.
Un potentiel de solarisation de 10 millions de mètres carrés
La neutralité énergétique est bien l’un des gros enjeux de ces infrastructures de transport du futur. Avec une superficie totale de 10 millions de mètres carrés sur l’ensemble du territoire, les toitures des gares et les surfaces des quais constituent un très grand potentiel de ressource énergétique.

« Nous portons une réflexion globale sur le cadastre solaire des stations avec un travail de recensement de potentialité de solarisation de tout le foncier du réseau ferroviaire », explique ainsi la directrice design. La filiale de la SNCF a en conséquence conçu un prototype très avancé en matière d’énergie verte, un abri de quai solaire mis en place dans la gare de La Baule-Escoublac en juin 2024, qui dispose de cinq modules de panneaux photovoltaïques assurant une production d’électricité renouvelable.
« Par ce prototype, nous visons à révéler le potentiel gigantesque de production d’électricité que peuvent fournir les gares. Il s’agit d’une première solution, qui après retour d’expérience sera potentiellement déployée à grande échelle, c’est en tous cas notre objectif », conclut-elle. Les prémices d’une révolution verte à venir.
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