Le vécu et le pedigree des trois architectes peuvent expliquer la précision du projet. Lina Ghotmeh est née et a étudié à Beyrouth. Dan Dorell, franco-israélien, a passé un an à la Mackinstosh School of Architecture de Glasgow après des études au Politecnico de Milan. Quant à Tsuyoshi Tane, il a fait ses humanités à l’Université d’Hokkaïdo Tokai.
Ces trois métis culturels ont travaillé dans le monde entier : Beyrouth, Tokyo, Tel Aviv, Copenhague, Londres ou Paris, aussi bien chez Piano, Nouvel qu’Adjaye. Ce qui est remarquable dans les 34 000 m2 du Musée national estonien, c’est l’adéquation du contenant au contenu. Si l’arrivée au musée fait découvrir une sublime aile de verre, l’esthétique n’est jamais un geste qui entrave, écrase ou ignore le travail scientifique du musée. C’est un véritable vaisseau avec espaces d’exposition, bureaux, réserves, salles de conférence, cinéma, librairie, boutique, restaurants… Et si l’entrée est immense, le plus étonnant est qu’on ne s’y sent jamais perdu.
Tout a été fait pour offrir aux visiteurs les meilleures conditions d’entrée dans l’histoire de ce pays. En Estonie, les objets traditionnels sont conservés depuis le début du XXe siècle avec l’idée qu’ils portaient un caractère national alors menacé. Quand le fondateur du premier fonds décède à Saint-Petersbourg en 1907, il laisse derrière lui une impressionnante collection. « Quand elle revient en Estonie, elle est d’abord conservée par une institution privée », nous raconte Kaarel Tarand. « Mais il a fallu attendre l’indépendance en 1991 pour qu’elle devienne publique. » Dans le premier musée racontant l’histoire de l’Estonie, les premières expositions ne parlaient que de la vie à la campagne. Aujourd’hui, le Nouveau musée national estonien ouvre plus grand l’éventail des connaissances déployées. Au point de devenir une institution à part entière.
Musée national estonien. Muuseumi tee 2, 60532 Tartu (Estonie).