Du caractère, il en faut pour avoir pris possession en 2015 de ce monument de l’architecture italienne de l’entre-deux-guerres qu’est le Palais de la civilisation italienne. Construit pour l’Exposition universelle de 1942, qui n’aura jamais lieu, l’édifice de six étages n’a cependant jamais occupé de fonction officielle durant le régime fasciste. Des photos du bâtiment prises par Karl Lagerfeld, directeur artistique de la maison, décorent l’entrée du nouveau café, où du mobilier vintage dans l’esprit de Gio Ponti a été installé juste au-dessous de larges bouteilles garnies de fleurs d’Azuma Makoto. « C’est un lieu entré au patrimoine de l’architecture italienne depuis longtemps, il n’existe aucune polémique à ce sujet en Italie. Ce qui est intéressant, ce sont les détails qui s’inspirent de l’architecture romaine classique, comme les arches en façade qui rappellent celles du Colisée », explique encore Pietro Beccari.
Si audace il y a, elle viendrait plutôt, selon lui, du choix d’avoir privatisé un lieu à ce point ancré dans le patrimoine romain : « Un peu comme si on s’était installé dans la tour Eiffel… » En échange d’un tel privilège, le premier étage du Palazzo est ouvert toute l’année au grand public, qui peut venir y admirer des expositions, comme celle consacrée jusqu’au 16 juillet à l’artiste turinois Giuseppe Penone, figure incontournable de l’Arte Povera. À cette occasion, Fendi a décidé d’offrir à la ville de Rome un des arbres en cuivre, grandeur nature, du maestro. Avec, en tête, l’idée que le site, accessible en bus depuis la fontaine de Trevi, devienne une destination touristique à part entière. Voilà une maison fidèle à ses racines et confiante en l’avenir !